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espèce, elle prétendit que cet arrangement s’accomplirait à son détriment, qu’elle y perdrait, mais lorsque Mme Sand promit de lui verser une certaine somme, soit annuelle, soit mensuelle, à titre de dédommagement, elle consentit, et une espèce de traité fut passé entre les Brault et Mme Sand. L’affaire ne se termina pas sans quelques nouvelles sorties grossières de la mère Brault. Néanmoins, au printemps de 1846, Augustine s’installa chez Mme Sand et, à sa grande joie et à celle de toute la famille, la suivit à Nohant. George Sand écrit à ce propos à son fils à Guillery :

… La mère Brault laisse Augustine parfaitement tranquille maintenant. Quand elle a vu que je lui tenais tête, elle en a pris son parti et lui a demandé pardon. Mais moi, je fais semblant d’être irritée…[1].

Mais à peine d’accord, les Brault, comme il est encore naturel aux individus de leur espèce, regrettèrent d’avoir cédé à « trop bon marché » et se mirent à soutirer à George Sand, sous différents prétextes, des sommes tantôt minimes, tantôt assez rondes. À peine quelques semaines après la lettre précitée, George Sand écrit, le 18 « juin, à Mlle de Rozières que « les Brault lui tirent encore de l’argent ». Mais fort heureusement, après quelques nouveaux pourparlers et quelques nouvelles admonestations de Mme Sand, ils la laissèrent en repos ainsi que leur fille.

Malheureusement, il y avait des personnes dans la famille même de Mme Sand, qui n’étaient pas bien disposées en faveur d’Augustine. Solange, qui dès son enfance traitait sa cousine du haut de sa grandeur, et, en sa qualité d’enfant gâtée, la tyrannisait un peu, la considérant comme une plébéienne, à côté de son aristocratique petite personne, se mit dès lors à la détester pour de bon, à la tirailler, à lui faire expier sa propre mauvaise humeur, enfin à la traiter avec une hostilité ouverte. Mme Sand s’efforça en vain de faire cesser ces discordes. Hélas ! cela ne servit qu’à amener des conflits entre elle et Chopin. Celui-ci avait rien moins que delà sympathie pour Augustine, il la haïssait franche-

  1. Inédite.