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forcer bientôt à sortir de cette vérité de tons. Il voit les paysans avec une autre lorgnette que moi. Peut-être ceux qu’il a vus sont-ils laids comme ça. Je veux que vous examiniez ceux de la Vallée Noire, et vous reconnaîtrez que je n’ai pas été poète, mais tout bonnement juste dans la Mare au Diable. À propos de la Mare au Diable, je vous confesse notre ignorance. Personne ne peut me dire ce que c’est que Picciola et ce qu’on lui a fait à l’Académie. Est-ce qu’ils vont consigner dans les dictionnaires pour faire plaisir à Solange et à moi qu’on peut se priver dans les dialogues de l’imparfait du subjonctif ? J’espère que c’est assez causé et j’ai honte de vous envoyer une lettre qui coûtera plus de port qu’elle ne vaut. Si j’osais, je l’affranchirais, comme j’aurais payé cette voiture que nous avons fait attendre quatre heures à Nohant, à vos frais. Mais vous vous seriez fâché et je n’ai pas osé.

Bonsoir à vous et bonjour à votre jeune sœur qui est charmante, j’en suis sûre, à condition, disent mes petites pestes, que vous ne vous mêliez pas de son éducation. Il ne faudrait point, ajoute Solange, que vous vous en mêlassiez, que vous la taquinassiez, ni que vous l’embêtassiez. On vous attaque. Répondez. Vous avez bec et ongles. Toute à vous de cœur.

George Sand.

Si vous lisez Lucrezia Floriani, comme vous en avez l’intention, soyez averti d’avance que c’est très ennuyeux, surtout à lire par feuilletons. Je vous demande seulement une chose ; c’est de me dire si vous méprisez et détestez Lucrezia. C’est une étude pour moi, et je tiens à connaître l’impression du lecteur, de certains lecteurs, sans ménagements…[1]).

On voit que la gaieté et l’animation régnaient cet été à Nohant plus que jamais. Mais entre temps, les rapports entre Chopin et Maurice devinrent tout à fait hostiles, et enfin on en vint à des disputes ouvertes, il paraît que ce fut à cause d’Augustine. Nous n’avons pas dit encore les raisons qui amenèrent Mme Sand à prendre chez elle cette jeune parente et à l’adopter Le lecteur se souvient sans doute que Sophie Delaborde, la mère de George Sand, était d’extraction fort basse, et sur

  1. Cette lettre fut imprimée, comme nous l’avons dit, dans un article de la Vie parisienne du 1er juillet 1876, consacré à George Sand, et dont l’auteur se cache sous les initiales de L. Y., c’est-à-dire : L(aprade) V(ictor).