Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/519

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chopin lui-même écrivait à sa sœur, le 20 juillet 1845 :

Je ne suis pas créé pour la campagne, cependant je jouis de l’air frais…

Se fiant à cette amélioration de santé, Mme Sand remit à plus tard son projet d’emmener Chopin passer les mois d’hiver dans le Midi et resta avec lui à Paris. Mais l’hiver de 1845-1846 se trouva être encore plus mauvais : point froid, mais humide à l’excès ; l’influenza sévit à Paris ; Chopin attrapa une grippe qui dura presque tout l’hiver et qui le fit surtout souffrir au printemps. À cette époque, Chopin parle déjà dans ses lettres de sa « toux habituelle », mais assure que cela n’a pas d’importance, qu’il a « survécu déjà à tant de gens plus jeunes et plus forts, qu’il se croit éternel[1] », et il ^e plaint au contraire de ce que Mme Sand ne se laisse pas traiter par un médecin, tout en étant très malade d’un mal de gorge, il se plaint de ce qu’elle se fâche contre l’hiver à Paris et ne sache point supporter patiemment sa maladie, tandis que lui, Chopin, trouve que « l’hiver est partout l’hiver, et qu’à la campagne c’est bien pis encore ». Il ajoute toutefois « qu’il aurait volontiers donné plusieurs années de sa vie pour une heure ou deux de soleil », et convient que « cette couple de mois est difficile à passer[2] ».

Au printemps de cette année de 1846, il fut tout particulièrement souffrant, Mme Marliani aussi : Mme Sand, en soignant ses deux amis, se fatigua à outrance : elle voulait au plus vite soustraire Chopin à la poussière, à la chaleur parisiennes et l’emmener à « l’air frais de la campagne », qu’il n’aimait pas, mais qui lui avait fait tant de bien. Elle avait hâte devrait être placée avant les numéros 3, 4 et 5. (Voir plus haut au chapitre v la lettre du 20 juillet 1845, dans laquelle George Sand dit que « la chaleur qui fit suite au déluge lui réussit cette année mieux que les autres ».)

  1. Voir, par exemple, sa lettre du 1er octobre 1845, dans laquelle il dit : « Le violoniste Artôt est mort. Ce garçon si fort et si robuste, si large d’épaules et tout en os, est mort de la phtisie à Ville-d’Avray, il y a quelques semaines… Personne n’aurait deviné en nous voyant tous les deux que ce serait lui qui mourrait le premier et de la phtisie encore !… »
  2. Cette lettre fut écrite à quatre reprises, les 12, 21, 24 et 26 décembre. (Karlowicz, p. 27-34.)