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Nous, nous le suivons de près, nous serons à Paris le 4 ou le 5 décembre. Mes affaires se sont arrangées ; sans être brillantes, elles me rendent ma liberté, c’est tout ce que je désirais. Léontine est toujours sauvée, mais ne se rétablit pas, ce sera long et pénible.

Bouli est revenu, nous allons tous bien ici. Chopin pas mal, mais je n’aime pas ce froid pour son voyage. Soignez-le bien, ma chère mignonne, je m’en rapporte à vous[1].

G. S.

Madame George Sand[2],
à la Châtre,
Château de Nohant (Indre).
Lundi, 3 heures[3].

Comment chez vous ? Je viens de recevoir votre excellente lettre. Il neige ici tant que je suis bien aise que vous ne soyez pas en route et je me reproche de vous avoir pu susciter peut-être l’idée du voyage en poste par ce temps-là. La Sologne doit être déjà mauvaise, car il neige depuis hier matin. Votre décision d’attendre quelques jours me paraît la meilleure et j’aurai plus de temps à vous faire chauffer vos appartements. L’essentiel, c’est de ne pas vous mettre en route par ce temps avec des perspectives de souffrances. Jean a mis vos fleurs dans la cuisine. Votre jardinet est tout en boules de neige, en sucre, en cygne, en hermine, en fromage à la crème, en mains de Solange et dents de Maurice. Les fumistes viennent de venir, car je n’osais pas hier faire beaucoup de feu sans eux.

Votre robe est en levantine noire, tout ce qu’il y a de meilleur. Je l’ai choisie selon vos ordres. La couturière l’a emportée avec toutes vos instructions. Elle a trouvé l’étoffe bien belle, simple, mais bien portée. Je crois que vous en serez contente. La couturière m’a paru bien intelligente. L’étoffe a été choisie parmi dix autres, elle est de neuf francs le mètre, ainsi tout ce qu’il y a de meilleur en qualité, elle sera, à ce qu’il paraît, excellente ; tout a été prévu du côté de la couturière, qui veut bien faire.

Il y a ici beaucoup de lettres pour vous. Je vous envoie une qui me paraît être de la mère Garcia. Il y a une des Colonies, une de la Prusse à Mme Dudevant, née Francueil, que je vous enverrais aujourd’hui si elles étaient moins grandes. Je vous les enverrai, si vous les voulez. Il y a tout plein de journaux (V Atelier, le Bien public, le Diable), quelques livres, quelques cartes, entre autres celle de M. Martins.

  1. Inédite.
  2. Inédite.
  3. Lundi, 2 décembre 1844.