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renferme une constatation irrévocable de ce que George Sand était vraiment très musicienne (musikalisch). Or, Niecks met en doute la présence de ce don chez George Sand. Il dit : « J’ai appris par Liszt que George Sand n’était pas musicienne (nicht musikalisch), mais qu’elle avait du goût et du jugement. Par le mot nicht musikalisch il faut, je crois, entendre qu’elle n’avait pas l’habitude de faire usage de ses capacités musicales, ou bien qu’elle ne les avait pas développées à un degré digne d’attention. À mon propre avis elle donne trop d’importance à ses capacités, à ses occupations et à ses connaissances musicales, du moins ses écrits prouvent que quel que fût son don musical, son goût était néanmoins très incertain et ses connaissances très minimes… »

Il nous semble que Niecks réfute par ses propres paroles ce qu’il avance, en disant que l’expression unmusikalisch veut dire surtout que George Sand n’était point une exécutante, une musicienne active. Mais ceci encore n’est point exact, car, sans être une virtuose, George Sand se distingua toujours par une ouïe musicale parfaite, une mémoire excellente et même une certaine vélocité au piano, qui lui permirent, jusque dans sa vieillesse, d’exécuter de mémoire quantité d’airs berrichons, espagnols et majorquins, des danses, des morceaux d’opéras, de Don Juan surtout, son opéra favori (ainsi que celui de Chopin et de Mme Pauline Viardot). Nous savons aussi que dans sa jeunesse elle jouait assez souvent à quatre mains, qu’elle chantait agréablement et qu’elle fut une des premières à apprécier le génie de Berlioz, peu connu encore à ce moment, mais dont elle chantait déjà ou accompagnait les romances[1]. Elle chantait aussi des airs d’opéras italiens[2].

D’ailleurs tout ce que Niecks avance par rapport à son « goût incertain », etc., nous paraît très problématique, d’au-

    Meyerbeer s’était aussi enthousiasmé pour Consuelo, et voulait faire un opéra dont l’action se passerait en Bohême, c’est-à-dire qu’il voulait prendre pour sujet les aventures de Consuelo au château des Rudolstadt.

  1. Cf. notre premier volume, p. 220.
  2. Elle écrit dans son Journal pendant le voyage aux Pyrénées : « On