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Chopin revint à Nohant et y passa les deux mois qui suivirent, — octobre et novembre, — puis vers la fin de novembre, il prit ses quartiers d’hiver à Paris, où ses leçons l’attendaient. Maurice qui avait passé la première partie de ses vacances chez les Viardot à Courtavenel, était allé les terminer en Gascogne, chez son père ; son oncle Hippolyte Chatiron l’y avait suivi[1] ; mais une épidémie s’était déclarée dans les environs de Nohant, (il paraît que c’était la diphtérie, mal connue à cette époque), la nièce de Mme Sand, Léontine Chatiron, manqua mourir de cette maladie, Maurice et M. Chatiron revinrent en toute hâte à Nohant[2]. À ce moment même mourut subitement à Paris Pierret, l’ami des parents de Mme Sand, qu’elle avait connu dès son enfance[3]. Tout cela fit que Chopin et Mme Sand se tourmentaient l’un à cause de l’autre, et s’efforçaient de se tranquilliser réciproquement. Voici encore quelques lettres inédites de Chopin et de George Sand se rapportant à ces derniers mois de 1844. C’est par elles que nous croyons pouvoir le mieux clore ce chapitre.

À madame Marliani, rue de la Ville-l’Évêque, 18.
Nohant, 21 novembre 1844.

Chère amie, je me dispose à aller vous rejoindre dans une quinzaine. Je crois que Chopin vous arrivera quelques jours avant moi. J’ai arrangé mes affaires avec Véron, je vous raconterai cela. Nous sortons

  1. Cf. avec les lettres de Chopin à sa sœur du 28 (18) septembre et du 31 octobre 1844.
  2. On a omis dans la Correspondance de George Sand à la fin de sa lettre de novembre 1844 à Louis Blanc les lignes suivantes : « J’ai été bien longue à vous répondre. Je relève de maladie. Nous avons ici une épidémie. J’ai failli perdre ma nièce, et je ne pouvais songer à rien… » Ces lignes doivent être placées après les derniers mots de la lettre à la page 327.
  3. Chopin écrit dans sa lettre du 31 octobre à sa sœur Louise : « Te souviens-tu qu’une fois à Paris étant descendu de voiture, sur la place non loin de la Colonne, j’allai pour une affaire au ministère des finances, chez un très ancien ami d’ici ? Le lendemain, il vint chez moi. C’était un excellent homme et un ancien ami du père et de la mère de notre hôtesse. Il a assisté à sa naissance et avait élevé sa mère, en un mot, il était réellement de la famille. Eh bien, ce vieillard, en revenant l’autre jour de chez un député de ses amis, où il avait dîné, est tombé des escaliers et en est mort quelques heures après. C’a été un grand coup ici, car on l’aimait extrêmement. En un mot, depuis que je ne t’ai vue, nous avons eu plus de tristesse que de joie… »