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s’était empressé de donner de ses nouvelles à Nohant, dès son arrivée à Paris, car il savait combien on s’inquiétait.

Au verso :

Madame George Sand, à La Châtre.
Château de Nohant. Indre.
L’estampille porte 23 septembre 1844[1].


Lundi, 4 h. 1/2.

Comment vous trouvez-vous ? Me voilà à Paris. J’ai rendu votre paquet à M. Joly[2]. Il a été charmant. J’ai vu Mlle de Rozières qui m’a fait déjeuner. J’ai vu Franchomme[3] et mon éditeur. J’ai vu Delacroix qui garde sa chambre. Nous avons causé pendant deux heures et demie musique, peinture et surtout vous. J’ai arrêté ma place pour jeudi ; je serai vendredi chez vous. Je vais à la poste, puis chez Grzym., puis chez Léo[4]. Demain, j’essaye des sonates avec Franchomme. Voici une feuille de votre jardinet. Grzymala vient d’entrer, il vous dit bonjours (sic) et vous écrit deux mots. Je ne dis plus rien, seulement que je me porte bien et suis votre fossile le plus fossile.

Chopin.

Je n’oublierai aucune commission. Je vais chez la princesse[5]. Embrassez vos chers fanfi de ma part. Czart[oryski] avec Grzym[ala].

Grzymala avait écrit au haut de la feuille :

Je me mets à vos pieds. Hier j’ai écrit une lettre longue que Chopin aurait pu lire et traduire de notre français sarmate en français académical (mot illisible). Écrivez-moi un mot, je vous prie. La princesse est malade. Il fait bien beau, j’espère que votre promenade a réussi…[6]

  1. En 1844, le 23 septembre tombait effectivement un lundi. Inédite.
  2. Anténor Joly, rédacteur et éditeur du Courrier français et de l’Époque. C’est lui qui publia en 1846 la Mare au diable ; pendant l’hiver de 1844-45 Mme Sand avait fait faire des démarches auprès de lui pour faire paraître en volumes Jeanne (qui venait d’être publiée dans le Constitutionnel) et le Meunier d’Angibault (point encore terminé). Voir là-dessus plus loin chap. vu.
  3. Le célèbre violoncelliste. Chopin lui dédia sa Sonate pour violoncelle (op. 65).
  4. Auguste Léo, banquier et mécène. (Voir plus haut, chap. Ier de ce livre.)
  5. Princesse Anna Czartoryska.
  6. Voir plus haut, p. 475 de ce chapitre.