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bien que nos amis le soignent, mais ce n’est pas la même chose. Mes soins le soulagent, ceux des autres l’impatientent[1]. Chopin de son côté s’empresse de tranquilliser son amie, on le voit par la lettre inédite, sans date, mais qui fut sûrement écrite à la fin de novembre 1843 et notamment : dimanche, le 26 novembre :

Ainsi vous avez fait vos expertises et vos étables vous ont fatiguée[2]. Mon Dieu, ménagez-vous pour votre départ et amenez-nous votre beau temps de Nohant[3], car nous sommes dans la pluie. Malgré cela, comme j’ai fait venir un coupé hier après avoir attendu le beau temps jusqu’à trois heures, je suis allé chez Rothschild et Stockhausen[4], et je n’en suis pas plus mal. Aujourd’hui dimanche je me repose et ne sors pas, mais par goût, non par nécessité. Croyez que nous sommes bien portants tous les deux. Que la maladie est loin de moi, que je n’ai que du bonheur devant moi. Que jamais je n’ai eu plus d’espoir que pour la semaine qui vient, et que tout ira à votre gré. Vous nous dites encore que votre palais est écorché, de grâce, ne prenez pas cette drogue. Nous avons bien dîné hier chez Mme Marliani. Après quoi les uns sont allés en soirée, les autres aux Crayons et les autres encore au lit. J’ai dormi dans mon lit, comme vous sur votre fauteuil, fatigué comme si j’avais fait quelque chose pour cela, je crois que ma drogue me calme trop, et je vais en demander à Molin une autre. À demain, nous vous écrirons toujours jusqu’à mercredi[5]. Pensez à vos vieux, toujours bien vieux qui ne font que penser à vous autres comme de raison. Maurice est sorti. Encore quatre jours. Chopin.

Ce fut la même chose en 1844. Au mois de septembre Chopin avait été à Paris, pour reconduire sa sœur et son beau-frère et

  1. Inédite.
  2. Cf. avec les lettres de Mme Sand des 17, 26 et 27 novembre 1843 (voir plus haut, chap. iv) imprimées dans la Correspondance aux dates des 17 octobre, 16 et 28 novembre (p. 278, 283, 287).
  3. Dans sa lettre du 27 novembre, Mme Sand disait entre autres choses qu’il faisait chaud à Nohant « comme au mois de mai » et que lorsqu’elle avait été dans les champs avec les Meillant, ses fermiers, elle avait dû prendre son ombrelle et que, malgré cela, elle était « en nage ».
  4. Le baron de Stockhausen était ambassadeur du Hanovre et grand ami de Chopin, qui lui dédia sa première Ballade (en sol, op. 23), et plus tard à la baronne de Stockhausen, femme du précédent sa Barcarolle (op. 60).
  5. Cf. avec ce qui était dit plus haut, chap. iv, surtout dans les notes aux pages 382, 384, 385.