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Manuel, et vous, portez-vous aussi bien que je vous aime tendrement…[1].

Mais cela ne suffit pas à Mme Sand, après avoir recommandé Chopin aux soins maternels de la bonne Charlotte, elle écrit encore à Mlle de Rozières :

Je reste quelques jours encore à Nohant, ma bonne petite amie, pour des travaux de maison et des affaires qui ne sont pas terminées tout à fait. J’ai forcé Chopin à aller reprendre ses leçons et à fuir la campagne qui lui deviendrait malfaisante avec la mauvaise saison, car il fait un froid du diable dans nos grandes chambres. Maurice aussi a besoin de reprendre le travail de l’atelier. Il aurait bien fallu renvoyer aussi Solange à sa besogne, mais Chopin m’a supplié de la garder pour le rassurer sur ma solitude. Elle ne s’en plaint pas, comme vous pouvez le croire. Voyez mon petit Chopin souvent, je vous prie, et forcez-le à se soigner. Vous pouvez bien, sans scandale, aller chez ces deux garçons, personne dans la maison n’y trouvera à redire. Allez-y donc flâner sous un prétexte ou sous un autre, pour surveiller mon dit Chopin, pour voir s’il déjeune, s’il ne l’oublie pas, et pour me le dénoncer au cas où il se conduirait comme un ustuberlu, sous le rapport de la santé. Il est bien portant maintenant, parce qu’il a une vie bien réglée. Dieu veuille qu’il ne fasse pas tout le contraire à Paris, mais je compte sur vous pour le gronder et pour m’avertir s’il était malade, car je laisserais tout là et j’irais le trouver. Ne lui dites pas que je vous mets ainsi à ses trousses.

À revoir bientôt, ma bonne petite. Prenez pour vous-même un peu du sermon, et soignez-vous, comme je vous recommande de soigner Chopin. Je vous embrasse tendrement, et Solange en fait autant.

G. S…

Je vais recommander au domestique polonais d’aller vous avertir à l’insu de son maître, au cas où il serait indisposé. Vous verriez ce que, c’est et vous feriez venir tout de suite M. Mollin, l’homéopathe, qui le soigne mieux que personne. Vous voulez bien, n’est-ce pas ? Vous savez que j’en ferais autant pour vous en pareil cas[2].

À son fils elle écrit le 30 octobre 1843, — dans une lettre qui devait lui parvenir à son arrivée à Paris, — qu’elle se fait

  1. Inédite.
  2. Inédite.