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tendre avec lui sur quelques affaires. Il me ramènera Solange que je comptais me faire amener par Mme Viardot, mais il paraît que l’arrivée de celle-ci à Paris sera encore retardée de quelques jours. Chopin part dimanche et arrivera cour d’Orléans lundi de neuf à dix ou onze heures du matin. Aurez-vous la bonté de prier Enrico d’avertir le portier du numéro 5, pour que Chopin trouve sa chambre ouverte, aérée et de l’eau chaude pour sa toilette. Si le portier du numéro 9 n’est pas changé, ce que Dieu veuille, Chopin en aura sans doute besoin pour faire ses commissions, et Enrico ferait bien de l’avertir aussi. Je suis bien aise que Chopin me rapporte des nouvelles de votre santé après vous avoir vue par ses yeux. Je voudrais bien aussi qu’il pût voir Leroux et me rapporter de lui une réponse soit écrite, soit verbale sur les questions que je lui ai faites à propos de Consuelo dans ma dernière lettre. Chopin me promet bien d’aller le voir, mais il aura si peu de temps et tant de courses, et Leroux demeure si loin, que vous seriez bien gentille de les faire dîner ensemble un jour, où l’on ne jouera pas Œdipe, la seule chose que Chopin veuille entendre au théâtre.

Si vous êtes libre et tranquille, ce serait une bonne occasion pour venir nous voir avec Chopin pour chevalier. Mais je conçois que dans ce moment-ci vous pensiez à tout autre chose. Enfin Manuel est en route, je suppose, et qui sait si Chopin ne le trouvera pas à Paris ? Dans ce cas, qui vous empêcherait de venir tous ensemble ? Ce serait un repos nécessaire pour vous et pour Manuel. Tâchez, bonne amie, si cela se peut.

À vous de cœur.

G…

Chopin, de son côté, sachant combien Mme Sand s’inquiète à son sujet et voulant aussi lui donner au plus tôt des nouvelles de Solange, lui écrit, à peine arrivé à Paris, la lettre que voici :

Lundi[1].

Me voilà arrivé à onze heures et me voilà aussitôt chez Mme Marliani, vous écrivant tous deux. Vous verrez Solange jeudi à minuit, il n’y avait pas de place ni vendredi, ni samedi, jusqu’au mercredi prochain et cela aurait été trop tard pour tous. Je voudrais déjà être de retour, vous n’en doutez pas, et je suis bien aise que le sort a voulu

  1. Ce lundi était le 14 août 1843, comme on voit bien par la lettre précédente de Mme Sand.