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assez sévère pour lui. J’essayais de le distraire, de le promener. Quelquefois, emmenant toute ma couvée dans un char à bancs de campagne, je l’arrachais malgré lui à cette agonie ; je le menais aux bords de la Creuse, et pendant deux ou trois jours, perdus au soleil et à la pluie dans des chemins affreux, nous arrivions, riants et affamés, quelque site magnifique où il semblait renaître. Ces fatigues le brisaient le premier jour, mais il dormait ! Le dernier jour, il trouvait la solution de son travail sans trop d’efforts[1].

Le 6 juin, elle écrit à son fils, — cette seconde moitié de lettre est inédite, elle manque[2] dans la Correspondance :

… En t’attendant, nous faisons, Chopin et moi, de grandes promenades, lui monté sur son âne, et moi sur mes jambes, car j’éprouve le besoin de marcher et de respirer. Nous avons été hier à Montgivray, où nous avons trouvé toute la famille réunie, sauf le pauvre Polite, et très gaie malgré son absence, et on dirait même à cause de son absence…

… Le père Gatiau[3] se porte bien. Que je te dise un de ses scrupules qui te fera rire. Il ne voulait pas se servir pour équiper son âne de ta petite selle de velours à la française. J’avais beau lui dire que tu ne pouvais plus t’en servir. Il veut te l’acheter. J’espère que tu l’enverras promener, mais tu ne pourras peut-être pas l’empêcher de te faire un cadeau en échange…

Dans la lettre du 13 juin 1843, à Mme Marliani, on a également omis en l’imprimant les lignes suivantes (venant après les mots : « Cet affreux temps ne contribue pas peu à m’accabler. Nous aussi nous faisons du feu tous les jours[4] ») :

Et Chopin qui avait commencé de belles promenades sur son âne, est forcé d’en revenir à son piano. Malgré ce triste printemps, je ne peux pas dire qu’excepté vous et mes amis, je regrette Paris…

À la fin de cette lettre il manque encore la phrase suivante que nous transcrivons sur l’autographe :

  1. Histoire de ma vie, t. IV, p. 471.
  2. Voir plus haut note à la p. 445.
  3. Sobriquet de Chopin, « gâteux » en berrichon.
  4. Correspondance, volume II, p. 267.