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lettres que Mme Sand écrivit à Louise immédiatement après son départ de Nohant, en septembre 1844[1] :

Chère Louise. Je vous aime. J’ai le cœur gros de vous avoir perdue et tout plein de tendresse et de besoin de vous revoir. Laissez-moi espérer que vous reviendrez et que vous retrouverez un moyen pour que nous allions tous vous voir à quelque frontière. Ne nous dites pas adieu, mais au revoir ! Souvenez-vous que je vous aime de toute mon âme, que je vous comprends bien, que je vous mets à côté de Frédéric dans mon cœur. C’est tout vous dire. Embrassez-le mille fois pour moi et donnez-lui du courage. Ayez-en aussi, ma chérie, que Dieu vous parle, vous soutienne et vous bénisse comme je vous aime. Mille tendresses au bon Kalasante[2].

George Sand.

La seconde lettre est écrite sur la même feuille que la lettre de Chopin à Louise, elle est datée du 18 septembre 1844 dans le livre de Karlowicz, mais en réalité doit avoir été écrite le 28 septembre, parce que Chopin n’était rentré à Nohant que le 26 septembre, comme on peut le voir par une lettre inédite de lui que nous donnons plus loin.

Ma Louise chérie, nous ne vivons que de vous depuis votre départ. Frédéric a souffert de la séparation, comme vous pouvez bien le croire, mais le physique a assez bien supporté cette épreuve. En somme votre bonne et sainte résolution de venir le voir a porté ses fruits. Elle a ôté toute l’amertume de son âme et l’a rendu fort et courageux. On n’a pas goûté tant de bonheur pendant un mois, sans en conserver quelque chose, sans que bien des plaies se soient fermées et sans avoir fait une nouvelle provision d’espérance et de confiance en Dieu. Je vous assure

  1. Les lettres de Mme Sand à Mme Jedrzeiewicz publiées dans le livre I de M. Karlowicz n’avaient point été imprimées lors de la première publication de son ouvrage dans la Bévue musicale, en français. Nous le regrettons beaucoup, puisque ces lettres peignent sous le jour le plus sympathique les relations de Mme Sand avec la famille de Chopin. Nous avons déjà dû et nous devrons encore dans la suite revenir souvent au livre de M. Karlowicz et puiser maint détail précieux tant dans les lettres de Chopin à ses parents que dans celles que lui adressent ces derniers, ses sœurs et diverses autres personnes. Nous remarquerons seulement que la plupart de ces lettres ne sont point datées et que c’est nous qui les datons, en nous basant sur des faits et dates qui nous sont connus.
  2. Joseph Kalasante Jedrzeiewicz, mari de Louise.