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      Écoutez de la mésange
      Le refrain joyeux,
      Le soleil est aux cieux[1].

Tant que Solange fut enfant, ce vain désir de paraître, de passer pour une aristocrate, sa passion de la parure, ses railleries, ses méchancetés malignes ou ses excès de vraie fureur ne se manifestèrent qu’assez innocemment, en de petits faits insignifiants. On s’en moquait en famille. C’est ainsi par exemple que Mme Sand écrit à ce propos :

Solange est si gentille que vous ne l’aimeriez peut-être plus, puisque vous l’aimiez tant, quand elle avait le diable au corps. Il y a de grandes vérités qui bravent le temps et semblent éternelles comme Dieu, quoique tout change autour d’elles, même Gévaudan en artiste vétérinaire, même moi en Sophie, même Solange en agneau[2].

Ce qu’il y a de vraiment beau ici, écrit-elle de Majorque, c’est le pays, le ciel, les montagnes, la bonne santé de Maurice, et le radoucissement de Solange[3].

Solange est presque toujours charmante, depuis qu’elle a eu le mal de mer ; Maurice prétend qu’elle a rendu tout son venin[4].

Solange prend force leçons et perd beaucoup de temps à sa toilette. Elle tombe dans une coquetterie dont je te prierai de te moquer beaucoup quand tu la verras, pour la corriger[5].

Solange a été sage pendant deux ou trois jours ; mais hier elle a eu un nouvel accès de fureur. Ce sont les Reboul, des voisins anglais, gens et chiens, qui l’hébètent. Je les vois partir avec joie. Mais je crois bien que je serai forcée de la mettre en pension si elle ne veut pas travailler. Elle me ruine en maîtres qui ne servent à rien[6].

La grosse est fort sage à la pension, à ce qu’on dit. Je ne m’en aperçois guère à la maison. Elle se porte toujours bien. Dieu veuille qu’elle devienne un peu moins hérisson en grandissant. Quand je vois Léontine, qui n’était pas commode, douce et bonne comme elle l’est à

  1. Ces paroles candides semblent avoir été écrites pour être adaptées à
    l’Aubade de Schubert (Morgenständchen).
  2. Corresp., t. II, p. 71.
  3. Ibid., p. 115. Lettre à Mme Marliani de 1838.
  4. Ibid., p. 118.
  5. Lettre à Hippolyte Châtiron, du 27 février 1840, p. 151.
  6. Lettre du 4 septembre 1840 à Maurice. (Corresp., t. II, p. 158.) Le mot nouvel est omis dans le texte imprimé. Nous le copions sur la lettre autographe.