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lement à la sœur de son ami Rollinat, Marie-Louise, surnommée Mademoiselle Tempête. Cette existence régulière ne dura pas longtemps, si l’on peut donner l’épithète de régulière à ce perpétuel changement de précepteurs, de systèmes d’enseignement et même de règlement des heures d’études. Au mois de juillet, la mère de Mme Sand tomba mortellement malade. Mme Sand ace unit à Paris, laissant Maurice, à la garde de Gustave Papet, au château d’Ars, ensuite Mallefille l’amena à Fontainebleau, où elle s’installa après la mort de Mme Dupin. Quant à Solange, on la laisse avec Mlle Tempête à Nohant : c’est alors que son « papa chéri » l’enleva et l’emmena à Guillery. George Sand dut aller délivrer sa fille de la maison paternelle, comme une princesse captive, avec l’aimable concours des préfet, sous-préfet et maire, et l’aide des gendarmes ! (On imagine quelle impression fit tout cela sur l’enfant.) La fillette, remise à sa mère, voyagea huit jours dans les Pyrénées, puis tout le monde rentra à Nohant où l’on passa presque sans bouger[1], toute l’année, jusqu’en l’automne de 1838, époque du voyage à Majorque. Eh bien, quelque romantiques que furent ce heu de séjour, les motifs qui réunirent s eus le toit de la vieille chartreuse une famille constituée si étrangement, — ce dont l’intelligente enfant de dix ans devait se rendre parfaitement bien compte, — cet hiver-là, Maurice et Solange le passèrent dans une vraie atmosphère de famille. Ils jouaient et couraient, comme il sied aux enfants, sous la surveillance constante de leur mère, ils prenaient leurs leçons à des heures fixes, on leur faisait la lecture à voix haute, etc. Lors du retour en France, cette vie de famille entra définitivement dans une voie régulière. À Nohant et à Paris elle coula calme et paisible dans un cadre d’occupations réglées et de temps bien divisé. On confia Solange, sur la recommandation de Mlle de Rozières, à une institutrice d’origine suisse, Mlle Suez. Aux heures libres la jeunesse s’ébattait au jardin en

  1. Nous avons parlé du séjour que Mme Sand fit à Paris au printemps, en été et pendant l’automne de 1838, dans le chapitre xiii du tome II de notre ouvrage (p. 457-458), et dans le chapitre Ier du présent volume.