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infligeait des corrections[1]. Lors des dernières rentrées de Mme Sand sous le toit conjugal le désaccord entre elle et son mari s’accentua, il y eut en septembre et octobre 1835 des scènes brutales et révoltantes, dont les enfants furent malheureusement témoins : nous en avons parlé dans le chapitre xi de notre deuxième volume. George Sand dit dans l’Histoire de ma vie que Solange était trop petite pour comprendre. Nous croyons qu’un enfant de sept ans (elle les eut en septembre 1835), aussi intelligent et éveillé qu’était Solange, voyait et comprenait bien des choses. Lors du procès en séparation, la fillette fut placée dans le pensionnat de Mlles Martin ou Martins. Le procès terminé, Maurice et Solange furent remis à leur mère et firent avec elle, comme nous le savons, le voyage de Genève et de Chamounix, pendant lequel la blonde Solange, équipée en garçon, à l’instar de sa mère[2], charmait tout le monde par sa fraîcheur éblouissante, sa beauté enfantine, sa bravoure infatigable et intrépide. Mme Sand passa la fin de l’automne et le commencement de l’hiver en compagnie de Liszt et de Mme d’Agoult à l’Hôtel de France, rue Laffitte : Maurice et Solange rentrèrent dans leurs écoles respectives. Mais Maurice tomba malade, et au mois de janvier 1837 il fut, pour cause de maladie (réelle ou un peu exagérée par sa mère), retiré du collège et emmené à Nohant, avec le consentement de M. Dudevant. Quant à Solange, sa m ère la laissa en pension, ce fut la première goutte de fiel, d’envie et de jalousie versée dans ce petit cœur, nullement doux par nature. Elle faisait peu de progrès dans l’institution des demoiselles Martins ; George Sand l’en retira, après la variole dont les enfants furent atteints au printemps de cette année. Elle songea alors à faire faire à ses enfants des études sérieuses à domicile et leur donna d’abord des leçons, puis remit ce soin à Pelletan, à Rey, à Mallefille et de nouveau à Rey, confiant Solange plus spécia-

  1. Cf. Histoire de ma vie, t. IV, p. 200-201.
  2. Ultérieurement aussi, Solange porta souvent le costume masculin à Nohant, par exemple, en l’hiver de 1838, ce dont Balzac parle avec désapprobation dans sa Lettre à l’Étrangère du 2 mars 1838. (V. aussi notre tome IL p. 448-451.)