Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/468

Cette page n’a pas encore été corrigée

Maurice et des habitués de Nohant. Ses accès d’humeur se prolongeaient d’autant plus que Chopin trouva une alliée et un soutien dans la personne de Solange.

Solange Dudevant présente un assemblage de traits héréditaires encore plus étonnant et plus étrange que George Sand, elle est aussi le produit d’une éducation malheureuse.

Blonde, fraîche, admirablement bien faite comme sa bisaïeule, Marie-Aurore de Saxe, douée de son esprit froid, vif et brillant, Solange hérita en même temps du caractère indomptable, du tempérament facilement excitable, de la vanité, de la passion du brillant, de l’inquiète recherche de distractions de son aïeule, Sophie Dupin. De son « papa », M. Dudevant, elle tint l’amour de l’argent et des « épargnes », une grande dose de prosaïsme. De sa mère, elle reçut une imagination éveillée, de grandes capacités littéraires, une nature assez artiste, la faculté de comprendre le beau et les grandes idées, — sans pourtant avoir ni son génie, ni son grand cœur, ni sa grande âme.

Les premières années de Solange correspondirent aux années les plus orageuses de la vie de George Sand. Tout en aimant passionnément ses enfants, Mme Dudevant les laissait à la garde de son époux, de différentes bonnes, de Jules Boucoiran ou de ses amis berrichons : elle habitait Paris (d’abord sans ses enfants), et ne revenait à Nohant que tous les trois ou tous les six mois. Puis elle prit Solange avec elle dans la petite mansarde du Quartier Latin ; il n’y avait point de nursery, la petite jouait sur le parquet du salon, au bruit des conversations des visiteurs les plus divers, des écrivains, des politiciens en herbe, des cabotins, des rapins et des carabins. Lorsque George Sand partit, pour Venise, Solange resta d’abord à Paris sous la tutelle de ses deux aïeules, Mmes Dirpin et la baronne Dudevant (qui se ressemblaient comme le feu et la glace !), puis elle fut reprise par son « cher père », ramenée à Nohant et remise entre les mains de la femme de chambre Julie (qui joua un rôle abject dans le procès des époux), elle traitait l’enfant fort rudement, et lui