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lienne sont pleines de verve et de fantaisie, mais pourtant ce ne sont pas là des œuvres d’un véritable artiste ; on n’y trouve ni la possession de la forme, ni la perfection du métier, sans lesquelles il n’y a point d’artiste.

Ses collections de lépidoptères et de minéraux sont extraordinaires par leur richesse, par la science et l’amour avec lesquels elles ont été rassemblées, mais elles ne firent point de Maurice Sand un de ces hommes qui font avancer la science. Ses recherches et ses travaux d’histoire n’ont pas laissé de traces, quoiqu’ils témoignent encore de connaissances très considérables et présentent une quantité d’hypothèses spirituelles. Enfin ses romans démontrent beaucoup d’imagination, de facilité à faire revivre une époque lointaine, une capacité littéraire héréditaire hors de doute, mais à côté des romans de sa mère, ils pâlissent et n’ont pas de valeur.

Mais comme nature, comme personnalité, Maurice Sand était bien le fils de sa mère il lui ressemblait par sa figure, ses goûts, ses inclinations. Il l’adorait passionnément. Dès son enfance, il sut être son ami et sa consolation ; depuis l’hiver de 1836-37, il était son inséparable, et peu à peu, il se mit à l’aider faisant pour elle des recherches dans les livres historiques et en copiant des citations[1]. Avec les années, cette intimité de la mère et

  1. C’est ainsi, par exemple, que lorsque Mme Sand était en train de travailler à la Comtesse de Rudolstadt, elle écrivait le 3 juin 1843 à Maurice, qui était à ce moment chez son père à Guillery (cette lettre est arbitrairement jointe à la première moitié de la lettre du 6 juin, dont la fin est tronquée, et ainsi refondues, ces deux lettres sont imprimées dans la Correspondance, à la date du 6 juin 1843) : « … Je suis dans la franc-maçonnerie jusqu’aux oreilles ; je ne sors pas du Kadosh, du Rose-Croix et du Sublime Écossais. Il va en résulter un roman des plus mystérieux. Je t’attends pour retrouver les origines de tout cela dans l’histoire d’Henri Martin, les Templiers, etc. Je reçois une lettre anonyme d’un Slave de la Moravie qui me remercie des réflexions que ma plume gracieuse sème par-ci par-là sur l’histoire de la Bohême, et qui me promet la reconnaissance de la race slave depuis la mer Egée jusqu’à sa sœur glaciale. Tu pourras donner ce nom à Solange quand elle ne sera pas sage… »
    Nous avons retrouvé dans les papiers de George Sand cette touchante et enthousiaste lettre (datée de Paris, 30 mars 1843), dont la grande romancière semble se moquer, mais qui, certes, lui fut agréable à lire et qu’elle garda pour cette raison comme une expression sincère de sympathie et de gratitude de la part de la nation bohème à l’auteur des articles sur Ziska et Pro-