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truire lui-même et de découvrir tout seul les horizons vers lesquels sa nature d’esprit le poussait. Il put aussi commencer à recevoir des notions de dessin qu’il n’avait reçues jusque-là que de son instinct… » (Notons qu’il avait déjà dix-huit ans au moment auquel se rapportent ces lignes.) Dans ses lettres, George Sand revient souvent sur « l’acharnement » et la furia que Maurice apportait dans l’exercice de cet art, mais on sait, par les mêmes lettres, que même quand il s’agissait de ces études de peinture, il ne travaillait qu’à bâtons rompus, en dilettante, que sa mère devait continuellement le pousser à étudier sérieusement, à ne pas manquer ses leçons d’atelier ou d’amphithéâtre anatomique, en s’attardant à chasser en Gascogne ou en se divertissant auprès de son oncle à Montgivray. Elle l’exhortait à ne pas perdre de temps, à piocher consciencieusement, parce qu’autrement il n’acquerrait jamais de vrai savoir, ne se rendrait point maître de la forme, « ne ferait que de la drogue » et resterait toujours un amateur[1].

C’était une nature diversement, extraordinairement bien douée, vraie nature d’artiste ; malheureusement sa mère eut raison, il resta toujours un amateur de talent. Il ne travailla que par élans, s’engouant tantôt de peinture, tantôt d’histoire, tantôt d’entomologie, de minéralogie, de théâtre (soit de la commedia dell’ arte, soit du théâtre de marionnettes et aussi de l’histoire du théâtre). Tous ces engouements l’amenaient à des résultats fort respectables, sans lui faire remporter de vraies victoires, sans le faire arriver à la maîtrise dans aucune branche donnée. Ses dessins et ses peintures, quoiqu’ils lui aient acquis plus tard une certaine notoriété, une médaille au Salon et une décoration, paraissent de nos jours fort naïfs et même d’un dilettantisme assez maladroit. Ses croquis, ses portraits au crayon et ses caricatures sont très ressemblants ; ses illustrations des légendes berrichonnes et des types de la Comédie ita-

  1. Lettres de Mme Sand à son fils du 4 septembre 1840 et des 3 et 6 juin 1843 (tronquées, changées et refaites dans la Correspondance), et surtout la lettre à Hippolyte Chatiron du 27 février 1843, qu’on a imprimée dans la Correspondance à la fausse date du 21 février.