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dit Mme Sand, on le supporte parce qu’on n’y est pas obligé ; si on y était obligé, ce serait un supplice. Il est loin d’être propre ; il est vulgaire dans ses propos. Quel échantillon de gospodarz[1] berrichon… Avec cela, il est presque toujours gris. On dit que la maison était peuplée de gens de la sorte avant le règne de Chopin… Le voyez-vous là et comprenez-vous maintenant les zizanies, les tiraillements, ses antipathies à lui et notamment celle pour H…, que je conçois[2]. Elle est bonne, dévouée, désintéressée, donc elle est dupée ! oui… elle est bien bonne. Il l’appelle son ange, mais l’ange a de grandes ailes qui vous heurtent parfois.

Si cette fois « l’harmonie était revenue au logis », il y eut dans la suite encore maint incident — et partant maint sujet de discorde — du genre de l’escapade romantique de Mlle de Rozières, paraissant « incompréhensible » à George Sand, ou « incompréhension » de sa part à Chopin. Il serait plus exact de dire que ces sujets de malentendus devenaient toujours plus fréquents, surtout à mesure que les enfants de Mme Sand grandissaient et s’imposaient comme des individualités. Et pourquoi, nous allons le dire.

Ils sont toutefois injustes ceux qui (comme la plupart des biographes de Chopin) n’accusent que George Sand, l’accablent d’injures, et se lamentent sur le « malheureux » Chopin. Cela provient d’une erreur de logique, d’une certaine inaptitude à rejeter les idées toutes faites, les adages consacrés. Une seule fois, nous rencontrâmes dans la presse l’exposé d’une opinion ou d’un jugement libre de toute routine et versant sur cette question la lumière d’un entendement réel. C’est le jugement porté par M. Pierre Mille, qui mérite selon nous toute attention, nous le citerons donc en entier. Notons seulement que M. Mille l’émet à propos de la rupture de Chopin et de Mme Sand, donnant foi à la déclaration de Liszt, qui prétend que ce fut Mme Sand qui « quitta » Chopin : il cite la phrase assez emphatique de Liszt : « Elle se réservait toujours le droit de propriété sur sa personne, lorsqu’elle s’exposait aux corruptions de la mort ou de la volupté. »

  1. Petit propriétaire polonais, hobereau.
  2. C’est nous qui soulignons.