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la plupart de ses croyances et de ses espérances ; fils de la Pologne opprimée, il sympathisait avec tout ce qui était libre, courageux et sublime, mais la forme sous laquelle lui apparaissaient parfois ces croyances et ces doctrines, les politiques et les politiciens lui inspiraient du dégoût. Il les vit d’abord d’un œil indifférent, mais après plusieurs années d’existence commune, il commença à protester. Il attachait une valeur exagérée à des faits sans importance, mais il en remarquait parfois d’autres qui importent plus que les grands et qu’on ne peut ne pas prendre à cœur. Nature nerveuse et impressionnable il s’affligeait profondément d’une contradiction ou d’un manque de compréhension ; ne pas remarquer ses révoltes lui semblait une preuve d’absence de délicatesse morale. De son côté, George Sand, nature moins fine, moins complexe, plus robuste et plus saine, s’étonnait fort candidement de ce qu’on pouvait ainsi « prendre une mouche pour un éléphant », taxait toutes ces afflictions de « maladives et d’incompréhensibles » et les traitait comme les caprices d’un enfant de génie malade, qu’il était inutile de combattre par des remontrances logiques ou par la discussion et dont il ne fallait qu’éloigner les prétextes, comme on éloigne des enfants tout ce qui éveille leurs caprices.

Déjà, en l’été de 1841, il y eut un petit malentendu, au sujet de Mlle de Rozières, une protégée de Chopin et son admiratrice dévouée : il l’avait d’abord beaucoup estimée, mais elle avait alors (George Sand croyait sans aucune raison) excité l’animosité de son grand maître. Chopin semblait si exaspéré contre elle que Mme Sand, qui avait pris son parti, ont la prier de ne pas venir, cet été-là, à Nohant.

Voici deux lettres inédites de George Sand se rapportant à cet épisode :


À mademoiselle de Rozières.
Nohant, 20 juin 1841.

Merci, chère enfant, de vos aimables lettres et de tout ce que vous me dites de Solange. Mme Marliani et Mlle Crombach me disent qu’elle