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buta comme pianiste à l’âge de dix ans. Il fut dès lors remarqué de la célèbre Catalani qui lui fit cadeau d’une montre avec une inscription gravée pour la circonstance. Tout adolescent, il prit part à des concerts de bienfaisance ou joua avec un grand succès dans les salons de l’aristocratie varsovienne, à commencer par celui de la comtesse Lowicz, épouse du grand-duc Constantin. Cela ne l’empêcha pas de faire des études très sérieuses au lycée de Varsovie, où il remporta plusieurs mentions honorables, prix et couronnes. Ses études une fois terminées, en 1826, il entra au Conservatoire ou École supérieure de musique de Varsovie où il étudia son art sous la direction de Joseph Elsner. Durant cette période et plus tard il fit quelques séjours à Berlin, en Silésie, en Poznan chez le mécène prince de Radziwill, à la campagne chez ses amis les comtes Wodzinski, se créant partout des admirateurs enthousiastes et dénotant dès ses toutes premières œuvres un talent original, sûr de lui-même, hors ligne.

Il eut pour camarades, au lycée, et plus tard pour amis l’élite intellectuelle de Varsovie, et fréquentait l’élite artistique ou aristocratique de cette ville.

Il était en train de se créer un public européen en commençant une tournée artistique par des concerts à Munich et à Vienne, lorsque éclata la révolution polonaise de 1831. Il s’arrêta à Paris « pour se rendre à Londres », comme il était dit sur son passeport : ce fut pour ne plus jamais revenir dans sa patrie et pour mourir place Vendôme en 1849. Les dix-huit années qu’il passa à Paris, à l’exception de quelques séjours aux eaux de Bohême, à Majorque, à Nohant et en Angleterre, furent consacrées à la musique : c’est là qu’il créa la plupart de ses chefs-d’œuvre et gagna sa vie en enseignant son art à une foule d’élèves des deux sexes.

Nous avons déjà raconté dans notre deuxième volume la première entrevue de Chopin et de George Sand et prouvé qu’elle n’eut pas lieu en 1837, comme on le prétend toujours, et dans des circonstances tout à fait autres et nullement aussi poétiques que ne la content MM. de Custine, Karasowski, Wodzinski et