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Lenz nous peint dans les quatre chapitres de ce petit opuscule ses relations avec Liszt, Chopin, Tausig et Henselt, les études qu’il fit sous leur direction, il raconte en passant ses entrevues avec Berlioz, Meyerbeer, Cramer et d’autres célébrités, et il esquisse en quelques traits les individualités morales et musicales des quatre grands pianistes. De toutes les parties du livre la première, consacrée à Liszt, est la plus sympathique, celle qui est contée avec le plus d’entrain et de pénétration : Lenz a su apprécier la valeur, la profondeur morale de cette nature, l’universalité de cette intelligence. Ce fut Liszt aussi qui, en 1842, donna à Lenz un mot de recommandation pour Chopin, chez lequel il était absolument impossible de pénétrer sans une protection de ce genre. Lenz prit des leçons de Chopin et fit connaissance avec plusieurs de ses élèves. Après un certain temps, Chopin le mena un soir dans le salon de Mme Marliani…

Nous omettons les détails se rapportant à Chopin lui-même ; à son jeu poétique, merveilleux et capricieux ; à ses sympathies et antipathies musicales, ou plutôt à son exclusivisme musical, contraire à la pénétration musicale universelle de Liszt. Nous omettons aussi les détails concernant la politesse raffinée et tant soit peu ironique de Chopin, son élégance recherchée, son amour du brillant, son engouement pour les jolis bibelots, les jolies élèves et les équipages luxueux que ses admiratrices titrées envoyaient pour le conduire chez elles. Glissons encore sur les petits traits empoisonnés que Lenz décoche, relatifs à la longueur du temps passé à attendre l’arrivée de Chopin, qui par snobisme, prétend-il, remettait de jour en jour sa rentrée du « château de George Sand, situé en Touraine (sic), parce que c’aurait été contre toutes les bienséances mondaines de retourner à Paris avant novembre… ». En général, malgré son enthousiaste admiration pour le génie musical du grand Polonais, Lenz laisse trop souvent percer son animosité contre la personnalité de l’artiste pour qu’on puisse accepter, sans restrictions, tout ce qu’il débite sur Chopin, et surtout sur George Sand. C’est ainsi qu’ayant raconté que Liszt n’a point