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les plus récentes, fourmillent d’erreurs. Frédéric Chopin naquit Le 22 février 1810 (et non pas 1809) à Zelazowa-Wola, domaine des comtes Skarbek, situé dans le diocèse de Suchaczew. Son père était un émigré français naturalisé en Pologne, Nicolas Chopin ou Szopén, selon l’orthographe polonaise. Sa mère, — une Polonaise, — Justine Krzyzanowska. Frédéric Chopin se considéra toujours comme Polonais et tint le polonais pour sa langue maternelle. Ses parents étaient tous les deux attachés à la maison de Skarbek, Nicolas Chopin en qualité de précepteur, sa femme comme intendante de la maison de campagne. Le jeune comte Skarbek, devenu plus tard un savant fort distingué, fut le parrain de Frédéric[1] et l’ami de la famille, mais jamais Chopin ne fut élevé à ses frais, ni aux frais de sa mère, ou du prince de Radziwill. Frédéric reçut une éducation fort soignée dans la maison paternelle, parce que ses parents étaient des gens d’une grande culture intellectuelle, et lorsque Nicolas Chopin s’installa à Varsovie et y ouvrit un pensionnat pour les jeunes gens faisant leurs études au lycée, sa maison fut un lieu de réunion pour les hommes s’intéressant aux choses de l’esprit ou adonnés à la culture des sciences et des arts. Frédéric était le second des enfants de Nicolas Chopin, venant après Louise et précédant ses deux sœurs Isabelle et Émilie. Celle-ci devait à l’âge de quatorze ans mourir phtisique, comme mourut plus tard Frédéric. Tous ces enfants se distinguaient par des capacités littéraires et artistiques : les deux aînées s’occupèrent plus tard de traductions, Émilie composa des vers. Frédéric avait une grande facilité pour le dessin et s’amusait, encore élève du lycée, pendant une villégiature chez des amis, à écrire un prétendu « Courrier » où il notait toutes ses impressions de campagne sous la forme la plus drôle et la plus humoristique, témoignant d’un esprit railleur et éveillé. Son talent musical se manifesta de très bonne heure et d’une manière toute spontanée. Il étudia le piano avec Ziwny et dé-

  1. Lorsqu’on publia, dans la Revue musicale, le travail de M. Karlowicz en français, on traduisit le mot de kriostny (parrain) par le mot de « filleul », ce qui donna occasion à des contresens et des non-sens en plusieurs endroits.