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(Sans date ni adresse.)
Chère amie,

Je ne vous écris pas une lettre, je vous salue et vous remercie, en faisant ce que vous m’indiquez, c’est-à-dire en vous accusant réception de votre second envoi, qui m’est arrivé aussi exactement que le premier. L’ami qui vous remettra ce mot vous dira dans quelle situation je me trouve aujourd’hui, cent fois heureuse et favorable, en comparaison de celle où je me trouvais à Londres, quand il eut l’inspiration d’aller vous voir et quand vous m’écrivîtes. Je vous répète que je vois là un secours très réel de la Providence, qui m’est ou plutôt qui nous est venu par vous[1]. Adieu, chère amie, je vous écrirai bientôt. Dans le livre si éminemment intéressant de M. Félix Thomas, Pierre Leroux, sa vie, son œuvre, sa doctrine, auquel nous avons déjà tant de fois renvoyé notre lecteur, nous trouvons la lettre suivante de George Sand, qui ne fait point partie de sa Correspondance imprimée et qui nous renseigne sur ce premier envoi, dont parle Leroux. :

… Mon ami, je viens de recevoir pour vous six cents francs d’une personne amie, que je ne vous nomme pas ; vous ne la connaissez pas, mais elle ira vous voir à Londres bientôt, avec un mot de moi. À vous de cœur.

G. Sand.

Nohant, 22 août 1852[2].

Au mois de septembre 1866, c’est Jules Leroux, qui écrit à son tour à Mme Sand, qu’il veut émigrer en Amérique avec sa famille, mais que les moyens nécessaires lui manquent ; sa lettre du 9 octobre 1866 nous prouve qu’il a bien reçu « ces moyens », et qu’il quitte Jersey le soir même, en bénissant Mme Sand : « Merci, mille fois merci, écrit-il, et gloire à Dieu, qui relie toutes choses et surtout les âmes… » et il la prie encore

  1. C’est Leroux qui souligne. Dans une lettre précédente, il la remercie pour son aide morale et le grand bien qu’elle lui fit en lisant attentivement ses « élucubrations sur l’Évangile et la Fable », ce qui l’encourage à persévérer dans son travail, malgré les tempêtes politiques qui mugissent autour de lui.
  2. Félix Thomas, Pierre Leroux, p. 131. Nous soupçonnons fort que ce ne fut pas la « personne amie » qui remit à George Sand les 600 francs, mais bien Mme Sand elle-même, qui chargea la « personne amie » de les lui remettre.