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sion faite à Boussac, et que nous donnons plus loin dans le chapitre v) :


Nohant, septembre 1845[1].

… Leroux est très bien établi à Boussac. Enfin tout son monde travaille et imprime, même les petits enfants : une petite fille de quatre ans à Jules, qui ne sait ni lire ni écrire, et qui compose et assemble’ avec une promptitude et une adresse extraordinaires. Qu’il leur vienne de l’ouvrage en quantité et qu’ils persévèrent, leur vie de famille peut être très belle, très bonne, très utile, très respectable. « Je ne crains que l’imagination et les projets enthousiastes de Pierre… »

Leroux semble avoir deviné ou avoir été prévenu de cette méfiance de Mme Sand à l’égard de ses chimériques entreprises et s’en être plaint à des amis communs, qui Font rapporté à Mme Sand. Dans une lettre datée du 17 octobre 1845 de Boussac et adressée à Mme Sand, Leroux lui avoue de ne pas toujours avoir parlé d’elle à des tiers comme il l’aurait dû, ce qu’il explique par son état d’abattement et le surcroît de malheurs qui l’opprimaient, et aussi par le fait que François lui avait dit une fois que Mme Sand « ne serait jamais une sainte, mais resterait toujours artiste », et lui, Leroux, l’aurait, « dans ses moments de sainteté, déploré », comme on déplore ses propres faiblesses et toutes les faiblesses humaines, parce qu’il aurait voulu juger Mme Sand selon « l’idéal, qu’elle lui avait fait entrevoir », mais qu’en ne la jugeant même qu’humainement il la trouvait encore « supérieure à tout ce qui existe, plus généreuse, plus sincère, plus courageuse que les plus généreux et les plus sincères », et enfin que « les misérables », « les intrigants » qui ont redit ces plaintes à Mme Sand auraient dû lui dire aussi comment il s’était plaint d’elle.

Mme Sand n’en fut nullement fâchée et jugea tout cet incident comme une petitesse de caractère regrettable chez un homme et un penseur qu’elle vénérait et dont les doctrines lui semblaient contenir tant de vérité, mais quoiqu’elle ait enfin compris sa parfaite inaptitude pratique et ses procédés absolu-

  1. Inédite.