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Bref, ces pages de George Sand sont de la plus haute importance et ce qui est éminemment curieux, c’est que ces articles, ainsi que plusieurs de ceux qui parurent en 1848, semblent avoir été écrits… en Russie, entre 1904 et 1907, tant les idées, les exemples et les expressions mêmes que le grand écrivain y déploie s’adaptent à notre histoire contemporaine !

Des deux autres petits articles publiés par George Sand dans l’Éclaireur, consacrés l’un à la Botanique de l’enfance de Jules Néraud, l’autre au Cercle hippique de Mézières (sujet assez curieux pour la plume de George Sand !) nous dirons seulement que ce fut un tribut payé à l’amitié. Dans le premier, George Sand parle de botanique, sujet favori, dès 1828, de ses entretiens oraux et épistolaires avec son cher Malgache. Le second est comme un écho de cet engouement pour le sport équestre qui, sous l’influence du comte d’Aure, régna tant à Paris qu’à Nohant chez Mme Sand vers 1844-46, et sembla évoquer le souvenir des jours déjà lointains où la jeune Aurore Dupin galopait à travers champs sur sa Colette. Déjà en 1845, George Sand avait écrit la préface du livre du comte d’Aure : Utilité d’une école normale d’équitation[1], et à Nohant on s’adonnait alors avec tant d’ardeur à l’exercice de cet art, que George Sand fit arranger, dans le parc, un vrai manège découvert, où elle, Mme Viardot, Solange et la nièce de Mme Sand, Augustine Brault, s’exerçaient à ce sport pendant des heures entières. À Paris on allait aussi presque journellement faire un temps de galop au manège ; on le voit par les lettres inédites de cette époque de et à Mme Sand. George Sand fut très liée avec le comte d’Aure, elle encouragea les premiers pas littéraires de sa fille qui est devenue bientôt l’écrivain si justement célèbre, Mme Th. Bentzon[2]. À la mort du comte d’Aure,

  1. Cette préface est réimprimée dans le volume des Nouvelles Lettres d’un voyageur, tandis que le Cercle hippique se trouve dans le volume d’Isidora. (Œuvres complètes, éd. C. Lévy.)
  2. Mme Bentzon a consacré à George Sand deux articles extrêmement intéressants et contenant des lettres inédites très précieuses ; le premier, en anglais, parut dans le Century, January 1894, sous le titre de Notable Women : George Sand, with letters and personal recollections ; le second, écrit