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franchement son entière adhésion aux idées de Leroux ; dit qu’elle « se ferait gloire d’être son disciple, s’il ne fallait pas pour cela beaucoup plus de science et d’aptitude » qu’elle n’en possédait ; enfin elle cite un passage du Discours aux politiques de Leroux, affirmant qu’il ne faut attendre le salut social que de la souveraineté nationale et du suffrage universel — expression des désirs et des volontés des masses. C’est la presse, les journalistes qui doivent être les précurseurs de ce grand avenir politique, et leur mission actuelle « consiste dans la préparation des idées religieuses que reconnaîtra l’avenir ». George Sand termine son article par un appel aux politiques, — les représentants de l’analyse, et aux socialistes, — ceux de la synthèse, de se réunir sous la « bannière glorieuse et militante », qui « déploie à tous les regards et porte dans tous ses plis un mot sacré : démocratie/… » c’est-à-dire de s’inspirer par ce même sentiment qui est, comme elle le dit dans son article sur l’Organisation du travail, « le génie du génie de Louis Blanc » et « la sève de son talent ». On doit noter avec le plus grand intérêt que tous ces articles sociaux et politiques, publiés par George Sand de décembre 1843 à décembre 1844, présentent : 1° une profession de foi des plus explicites et le credo, auquel elle resta invariablement fidèle en 1843 et en 1848, tout comme en 1851 et en 1870-71 ; 2° ils nous montrent clairement ce que l’écrivain pensait du rôle de la presse et des hommes de lettres dans des périodes précédant les grands changements politiques et sociaux. Enfin ces articles de l’Éclaireur et de la Réforme prouvent que ce ne fut pas après, lorsque la révolution de février est devenue un fait accompli, que George Sand se rallia au parti de Ledru-Rollin et de Louis Blanc, mais bien au contraire que ce fut quatre ans au moins avant cet événement qu’elle se déclara solidaire de leurs aspirations, basées sur des croyances philosophiques et sociales que Louis Blanc avait prêchées avant le cataclysme, auxquelles il resta fidèle de fait pendant cette révolution, mais que Ledru-Rollin avait reniées en vue de buts purement politiques ou des considérations de « tactique » (comme on dit de nos jours).