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nous n’avions « supposé que des torts sinon pardonnables, du moins réparables : oubli, nonchalance, légèreté de jeunesse », se mit à défendre ceux dont il était appelé à éclaircir les forfaits, à condamner les crimes et que nous aurions plaints alors les premiers. Mais on nous dit que nous sommes les « éditeurs responsables d’un roman ». Ah ! ah ! C’est ainsi ! Bon ! Alors nous nous appliquerons à prouver chacune de nos paroles et toutes nos assertions !

La preuve de toutes les assertions du premier article et la réfutation de la lettre du procureur, tel fut le but que Mme Sand se proposa dans le second article, écrit aussi en forme de lettre, mais adressé directement au procureur du roi à la Châtre, M. Rochoux, et publié dans le numéro du 25 novembre de la Revue indépendante.

Dès la publication du premier article George Sand avait décidé de le faire réimprimer en brochure, de faire vendre la moitié des exemplaires au profit de Fanchette et de faire distribuer l’autre moitié gratis aux artisans et aux ouvriers de la Châtre.

Arnault l’imprimeur a consenti à imprimer cinq cents exemplaires de Fanchette pour une somme fort minime à répartir entre les gens de bonne volonté, — écrit Mme Sand à Duvernet le 8 novembre (1843)[1], — mais dont je me chargerais au besoin, pourvu que ce ne fût pas trop ostensiblement. On m’accuserait de vanité littéraire, de haine politique ou de scandale si j’avais l’air de pousser à une publicité particulière dans la localité. Cela m’est parfaitement égal, quant à moi, mais diminuerait peut-être dans quelques esprits la bonne impression que la lecture du fait a produite.

L’indignation est bonne aux humains et c’est ce qui leur manque le plus dans ce temps-ci. Si on pouvait susciter un peu de ces sentiments chez les ouvriers et les artisans de la Châtre, cela les rendrait meilleurs ; ne fût-ce qu’un quart d’heure, ce serait toujours cela ! Je serais donc flattée d’émouvoir ce public-là un instant ; et je sais que quiconque sait épeler peut comprendre le style trivial de Blaise Bonnin.

Que ne pouvons-nous faire un journal ! Je vous fournirais une série de lettres du même genre, où les moindres sujets, traités avec bonne

  1. Cette lettre porte dans la Correspondance la date du « 8 octobre », mais c’est une erreur, parce que, comme nous l’avons vu, Fanchette avait déjà paru le 25 octobre dans la Revue indépendante, et il s’agissait justement de faire réimprimer à la Châtre cet article.