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blable, intitulé l’Espoir de Mme la supérieure ». Ah ! vous dites que « les faits incriminés n’étaient pas entourés des circonstances odieuses dont on s’est plu à les revêtir » ? Mais « votre apologie des coupables est la confirmation même de mon accusation » et prouve que vous comprenez parfaitement le crime qui a été commis. C’est un crime semblable à celui que commet une mère lorsque, sciemment ou par imprudence, elle expose son enfant innocent au danger de mort, ce crime est considéré et puni comme l’infanticide. Est-ce qu’un innocenticide resterait, impuni et même inqualifié ?

Ah ! on n’avait pas voulu « perdre » Fanchette, on avait présumé qu’elle « retrouverait sa famille », et c’est à cette fin qu’on l’avait menée sur la route d’Aubusson, qu’on l’y avait « déposée » dans une maison, ou bien, non, on l’avait « recueillie » dans cette maison mystérieuse. Mais quelle est donc cette maison ? M. Delaveau avait fait des démarches auprès du maire de Saint-Maixent, dont dépend le hameau de Chaussidant près duquel Desroys abandonna l’enfant, et la maison n’avait pu être découverte. Fanchette, dites-vous, « parvint à s’en évader » et « à se soustraire aux recherches ». Elle, se soustraire ! Elle qui ne peut pas distinguer le matin du soir et la main droite de la main gauche ! C’est grâce aux recherches incessantes du parquet de la Châtre que Fanchette aurait été retrouvée, dites-vous, recherches si « incessantes » que si M. Delaveau ne s’était pas mêlé de la chose, on n’aurait rien su de Fanchette jusqu’en septembre

Ah ! elle fut « réintégrée dans l’hospice », et pour cette raison on crut pouvoir ordonner que cette malheureuse enfant sans défense fût ramenée de brigade en brigade et fût exposée à de telles atrocités, que d’idiote elle aurait pu devenir complètement folle. Et il n’y a personne de coupable, et celle qui donna les ordres de faire perdre cette enfant porte le nom de « chrétienne » et de « sœur » ! Et le conseiller qui lui souffla la manière dont il fallait se débarrasser de la jeune idiote n’est point coupable non plus et le tribunal a rendu une ordonnance de non-lieu ? Et tout cela n’est qu’ « un fait déplorable » ?

Et enfin le procureur du roi, auquel, dans notre premier article,