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politique, un confrère littéraire ; aussi dès cette époque il s’établit entre eux une amitié à laquelle Mme Sand resta toujours fidèle. Lorsque après le coup d’Etat de 1851, Hetzel dut s’exiler et résider hors de France, Mme Sand lui vint en aide. Mettant en jeu ses relations dans les hautes sphères politiques[1] elle fit des démarches à son profit, et le tira de difficultés matérielles.

Quant à ses œuvres publiées par Hetzel, nous avons déjà parlé du Coup d’œil sur Paris, dans le premier chapitre de cet ouvrage. Nous parlerons des Mères de famille, dans le chapitre suivant. L’article sur les Sauvages à Paris, écrit tout à fait dans le même ordre d’idées que le Coup d’œil, est surtout intéressant par le culte de Jean-Jacques, qui s’y laisse si grandement sentir ; ce culte auquel George Sand ne fut jamais infidèle, semble avoir redoublé de ferveur vers 1840, alors qu’elle relisait ses œuvres. C’est ainsi que nous trouvons dans Consuelo des allusions aux Confessions et à d’autres œuvres du philosophe genevois ; dans la correspondance de Mme Sand avec Leroux le nom de Rousseau revient aussi à chaque moment, mais deux de ses articles sont surtout remarquables sous ce rapport : les Sauvages de Paris (plein de réminiscences du célèbre « Discours sur cette question : le Rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer les mœurs ») et Quelques réflexions sur Jean-Jacques Rousseau, dernière œuvre de Mme Sand, imprimée dans la Revue des Deux Mondes, avant sa rupture en 1841. Ce dernier article, écrit sous forme de causerie épistolaire avec un ami (Jules Néraud), se compose d’un Fragment de lettre et d’un Fragment de réponse. Mme Sand y déclare son amour incessant pour le philosophe de Genève, qu’il faudrait, d’après elle, appeler philosophe tout court, pour le distinguer de Voltaire et de tous les autres penseurs, ses contemporains ou ses prédécesseurs, parce qu’il est le philosophe par excellence, le philosophe de tous les temps et de tous les peuples ; c’est la sagesse et l’esprit religieux qui forment la base

  1. Voir plus loin, chap. ix.