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Je pense avec chagrin que vous allez bientôt partir, et que je ne vous verrai plus. Mais si à Noan (sic) vous prenez quelque instant de vos nuits aux étoiles[1] pour m’écrire, vous me fortifierez à votre tour dans mes abattements et dans mes tristesses.

P. Leroux.

Le libraire de l’Encyclopédie doit vous envoyer aujourd’hui ou demain, de ma part, tout ce qui en a paru. Si vous n’en voulez pas, donnez-la à Maurice. C’est en effet pour nos enfants que nous travaillons. Vous qui avez Maurice et Solange, vous ferez pour eux l’article Espérance, et non pas l’article Spleen, comme nous disions l’autre jour.

Tours. (Sans date.)

Ce n’est pas le moment, madame et chère amie, de vous dire ce que j’ai pu souffrir et ce que je souffre encore. Quand nous nous reverrons comme deux amis je vous le dirai peut-être. Je vous écris un mot seulement, pour que vous n’ayez pas d’inquiétude sur mon état de santé. Je me rappelle qu’en partant je vous ai promis de vous donner de mes nouvelles quand je serais à Tours. Je lutte avec courage contre la tristesse et l’abattement. Je compte rester encore trois ou quatre jours ici, puis m’acheminer vers Paris. J’ai besoin de mes enfants. J’aurais tant à vous écrire, qu’il me faille des efforts inouïs pour me décider à vous écrire seulement ces quelques mots. Un jour je vous demanderai peut-être à vous écrire une longue lettre, afin que mon amitié vous soit utile et bonne à quelque chose. Adieu. J’espère que votre santé est meilleure. Embrassez pour moi, je vous prie, Maurice et Solange. Je voudrais écrire à Mme Marliani ; mais j’ai laissé passer trois jours, et elle doit être partie. C’est un grand regret pour moi de ne pas lui avoir donné de mes nouvelles à temps. Si vous lui écrivez, parlez-lui de moi.

Votre ami,
P. Leroux.


À Madame d’Agoult, à Bellagio, Milan.
Nohant, 16 octobre 1837.
Chère Princesse,

… Je tombe dans le Pierre Leroux, et pour cause. Il était ici ces jours derniers. Charlotte et moi nous faisions le projet romanesque de

  1. Cf. George Sand, sa vie et ses œuvres, t. II, p. 310, et t. Ier, p. 444, où nous parlons de l’engouement de George Sand pour les contemplations astronomiques.