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j’avais dit à Viardot que le succès ne pouvait être plus grand qu’il n’a été qu’à deux conditions, savoir que la Revue paraîtrait tous les quinze jours, et que quelque autre que moi la dirigerait. Mais je croyais bon de la faire pendant un an ce qu’elle a été…

On peut conclure de cette lettre que la part que George Sand prenait à la rédaction de la Revue fut absolument désintéressée, parce que ces dix mille francs, dont parle Leroux, étaient sûrement ou versés par elle argent comptant, ou bien — et cela est le plus probable — ils représentent les honoraires de ses romans et articles ; il en fut ainsi pour les articles de Leroux, publiés dans la Revue. Cela réfuterait donc l’opinion, émise par l’abbé de Lamennais dans une de ses lettres à de Vitrolles, dans laquelle il parle, entre autres, de la grosse somme que Mme Sand a touchée pour Horace[1]. George Sand agit donc une fois de plus d’après la prescription du Christ : « Que la main gauche ne sache pas ce que fait la main droite », lorsqu’elle écrit à Duvernet en novembre 1842, à propos du passage de la Revue en d’autres mains : « n’ayant pas d’argent, je n’en avais pas mis dans l’affaire, et Leroux et moi n’y sommes que pour notre travail. Cette direction, jointe au travail de la rédaction et à la direction matérielle de l’imprimerie, était une charge effroyable, pesant tout entière sur la tête et les bras de Leroux. Viardot, occupé des voyages, des engagements et des représentations de sa femme, n’y pouvait apporter une coopération ni active, ni suivie… »

Donc, depuis l’automne de 1842, George Sand, Viardot et Leroux avaient sagement cessé de diriger la Revue indépendante, qui passa dans les mains de gens s’entendant mieux aux affaires,

  1. Pélagie, 7 novembre 1841.

    « Avez-vous lu la Revue indépendante ? Aguado n’y a mis que vingt mille francs. Trente autres ont été fournis ou recueillis par ce pauvre Viardot, qui en verra bientôt la fin. Pour la première livraison seule, Leroux s’est alloué quinze cents francs. On est convenu de cinq mille francs pour le roman de Mme Sand, touchante narration, m’a-t-on dit, des amours d’une grisette et d’un étudiant. Elle s’y fait la rivale, et pas du tout la rivale heureuse de Paul de Kock. Cette défaite me fâche extrêmement ; c’est le Waterloo du communisme. À quoi tiennent les choses !… »