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Revue indépendante, la direction de cette publication avait déjà changé. Malgré tout l’éclat que les romans et les articles de Mme Sand avaient répandu sur la revue, les éditeurs durent dès le commencement lutter contre de graves difficultés matérielles. S’étaient-ils trompés dans leurs espérances, ignorant les difficultés et les grandes dépenses que toute nouvelle revue doit prévoir ? Les grands sacrifices pécuniaires effrayèrent-ils les directeurs associés de la Revue indépendante ? Les « vivres nécessaires » leur manquèrent-ils ? Pierre Leroux se trouva-t-il tout à fait inapte au rôle d’éditeur rédacteur ? Nous ne le savons pas, mais ce qui est certain, c’est que dès la première année de la revue, au moment même où paraissait Consuelo, le deuxième rédacteur, M. Louis Viardot, qui accompagnait alors sa femme dans sa tournée en Espagne, s’effraya de nouvelles pertes d’argent et, justement mécontent, il refusa de prolonger sa participation à la publication. On en trouve la preuve dans la correspondance de Mme Sand, les lettres de Viardot et plusieurs lettres de Leroux, Louis Viardot écrit à Mme Sand, le 14 mai 1842, de Madrid, qu’au mois de mai, Leroux avait fait prendre chez lui mille francs.

Lorsque je croyais, d’après ses propres paroles, qu’il n’aurait besoin de rien ce mois-là. Voyez où en sont réduits les trois malheureux mille francs qui nous restaient ! Cela n’est pas rassurant et M. Aguado n’est plus là pour m’aider de ses trésors, et je vais peut-être me trouver dans une position fort difficile avec la succession. Enfin, que la volonté de Dieu soit faite, mais je vous conjure, employez votre crédit près de Leroux pour que notre reste ne soit pas dévoré avant mon retour et que nous cherchions les moyens de vivre…

À la fin de cette lettre, Viardot se plaignait à Mme Sand de ce que Leroux ne répondait pas même à ses lettres, ce qui certes ne faisait qu’augmenter ses appréhensions. Leroux, de son côté, se plaint dans sa lettre du 27 juillet (dont nous avons déjà cité quelques lignes), que Viardot lui envoie des lettres fort attristantes et qu’en général la Revue devient pour lui « un sujet de constante préoccupation sous tous les rapports… ».