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Consuelo. Savez-vous qu’il y a toute vérité dans ce que je viens d’écrire là fort naturellement ; oui, vous êtes Consuelo, vous qui écrivez son histoire. Vous êtes Consuelo pour les philosophes passés, présents et à venir. Je ne veux pas approfondir cette vérité que je viens de découvrir, mais que je pressentais depuis longtemps. Mais sachez que pour moi ce n’est pas celle que vous savez qui est Consuelo, mais une autre… Ah ! chère amie, je ne vois de solide que vous dans tout ce monde qui jouit des trésors de l’intelligence refusés au peuple, vous et quelques rêveurs comme moi, mais dont le nombre diminue tous les jours. Les autres n’avaient que la fièvre, qui est une chaleur passagère. Les voilà à zéro, et froids comme marbre.

Le 27 juillet il lui écrit encore :

Je vais lire les épreuves de votre Consuelo, sixième partie. Voilà ce qui me rappelle encore ma négligence à vous écrire et me fait revenir la rougeur sur le front. Est-il possible que je ne vous aie pas parlé de vos pages sur l’art et de celles sur le chemin ? Il est vrai que je n’ai jamais su vous parler de rien. Je suis un butor, un animal. Ce que vous m’avez écrit en deux mots sur votre conception finale de Consuelo et sur la non-propriété a fait vibrer toute mon âme. Mais je n’ai rien su vous en écrire. Ainsi donc Consuelo marchera sur le chemin ; sur ce chemin où je sais beaucoup qui ne marchent pas. Consuelo, Consuelo ! Notre brave ami qui est en Espagne m’écrit beaucoup de bien de votre Consuelo, mais combien peu il la comprend ! Ce qui l’enchante, c’est que la mère en permettra la lecture à sa fille

Il nous semble que Leroux commet, en le disant, un petit péché contre la vérité, et que ce n’est pas précisément cela qui « enchantait » Viardot, Du moins voici ce que nous lisons dans un post-scriptum de Louis Viardot à la lettre de sa femme, écrite deux jours après celle de Leroux, le 29 juillet 1842, de Grenade :

Petite Pauline voudrait, chère madame Sand, que je vous parlasse de l’Alhambra…

Nous nous disions à chaque salle, à chaque pas : « Que n’est-elle ici, et quel beau roman arabe elle nous ferait ensuite ! » La cinquième partie de votre Consuelo est venue nous consoler… Je n’ai jamais pu lire plus de deux ou trois petits chapitres de suite ; l’attendrissement et l’admiration m’étouffent, je sanglote, je suffoque, je pleure, et, faute d’y voir, je suis forcé de fermer le livre. Savez-vous que cette petite Pauline, au milieu de toutes nos causeries sur vous, a trouvé