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vons l’héroïne à Berlin. Frédéric II lui fait la cour. La malheureuse princesse Amélie, à laquelle Consuelo passe une lettre, reçue par elle d’une manière mystérieuse, enveloppée d’un feuillet de musique signé Bertoni et que Trenk emploie maintenant pour faire part de son évasion de la prison, — voue à la Porporina une amitié et une confiance sans bornes. Les courtisans commencent à la flatter. Mais Consuelo plongée dans ses douloureux souvenirs garde saintement le secret de son mariage avec Albert : elle croit avoir causé sa mort. Ce secret est connu de la princesse Amélie, du célèbre comte de Saint-Germain et du non moins célèbre Cagliostro. Ces deux magiciens ont un libre accès chez la princesse sous le prétexte de séances de magie et d’expériences magnétiques et lui servent d’intermédiaires dans ses relations avec Trenk et dans ses intrigues contre son royal et despotique frère, qu’elle et son autre frère, le prince Henri, haïssent. Afin de mieux cacher leurs agissements, la princesse et ses fidèles exploitent la célèbre légende de Berlin, celle de la balayeuse, un fantôme, qui est censé apparaître dans les corridors du château chaque fois qu’un membre de la maison de Brandebourg doit mourir. Mais Consuelo se convainc bientôt avec effroi qu’il se passe au château des phénomènes autres que les trucs de la princesse, et qu’elle-même vit entourée d’un mystère continuel. Tantôt elle voit au théâtre, dans la loge de l’ambassadeur russe, Golovine, le spectre d’Albert, et elle s’évanouit au beau milieu d’un air qu’elle chantait. Une autre fois Consuelo et Amélie entendent les pas et le bruit du balai de la vraie balayeuse. Une autre fois encore, Consuelo trouve sur le mur de sa chambre, à la place de la branche de cyprès desséchée, une couronne de roses blanches avec un énigmatique billet venant on ne sait d’où. Un jour Cagliostro lui montre le spectre d’Albert au milieu d’une assemblée de personnages mystérieux accomplissant des rites non moins mystérieux. Puis une autre fois, au musée du château, lorsqu’elle examine un tambour, qu’on prétend fait avec la peau de Jean Ziska, Consuelo voit soudain le ménechme d’Albert, que l’on appelle « Trismégiste » et qui se trouve être le troisième magi-