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et prennent part à une fête musicale fantaisiste, préparée par le comte en l’honneur de son illustre épouse. Consuelo y fait la connaissance de Frédéric le Grand, qui voyage sous le nom du baron de Kreutz, elle lui sauve même la vie, en faisant avorter un fol attentat de Cari, le déserteur tchèque, jadis sauvé des recruteurs prussiens par les efforts réunis de Trenk et de Consuelo, devenu depuis un heiduque du comte Hoditz, et voulant à présent venger la mort de sa femme et de son enfant sur la personne du roi de Prusse. (Il faut dire, entre parenthèses, que Consuelo avait renoué à Vienne ses relations amicales avec le baron de Trenk et lui avait donné un cahier de musique en y inscrivant à chaque feuille le nom de Bertoni, pour que ces feuilles détachées puissent un jour servir de signe de reconnaissance entre elle et Trenk.) Le baron de Kreutz, — c’est-à-dire Frédéric II, — plein de reconnaissance envers la cantatrice, qui l’a sauvé, quitte le château de Rosswald sans dévoiler son incognito. Il arrive un accident fâcheux à la margrave ; la fête préparée n’a pas lieu, Consuelo et le Porpora peuvent continuer leur route vers Berlin. Mais à Prague, ils sont soudainement arrêtés, sur le pont de Saint-Népomuk, par le baron Frédéric de Rudolstadt, envoyé par Albert, qui, au milieu d’une transe somnambulique, les a vus là, et qui meurt de douleur d’avoir perdu Consuelo. Consuelo s’achemine en toute hâte vers le Riesenbourg. Albert n’a que quelques heures à vivre ; n’espérant pas le sauver, mais désireuse de le voir mourir heureux, Consuelo l’épouse in extremis. Albert meurt, et Consuelo, devenue la comtesse de Rudolstadt, renonce généreusement à tous ses droits en faveur de la vieille chanoinesse Wenceslawa. Elle lui jure de ne se considérer comme la femme d’Albert que devant Dieu et non devant les hommes, puis, recommandant le malheureux comte Christian aux soins de cette sœur dévouée, liée elle-même par son contrat de théâtre, elle reprend le même soir la route de Berlin, sous le nom modeste de Consuelo-Porporina. C’est par cet épisode que se termine la première partie de Consuelo.

Dans la seconde partie, la Comtesse de Rudolstadt, nous retrou-