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elle le charge de s’entendre avec quelque éditeur pour la réimpression de l’un de ses romans parus, afin de lui donner la possibilité de gagner un modeste courtage à cette opération[1] ; et tantôt elle lui expédie simplement une certaine somme d’argent ; ou lui permet de toucher pour elle les honoraires qui lui reviennent ; ou bien elle met sa signature sur une lettre de change de Leroux ; ou elle aide ses frères à affermer un petit terrain ; ou elle lui avance une somme d’argent pour fonder sa typographie à Boussac. Elle lui donne gratis un de ses nouveaux romans pour une nouvelle revue qu’il fonde, après l’insuccès de la première, ou encore elle achète et répand ses petites brochures et s’évertue à lui trouver des abonnés, et elle l’aide, elle l’aide…

Du commencement jusqu’à la fin, George Sand reste pour Leroux et pour sa famille vraiment maternelle, pleine de bienveillance, de cette bonté infinie et intarissable dont parlent tant tous ses biographes, une bonté allant jusqu’à la faiblesse, de sorte que non seulement Leroux avait vraiment droit de l’appeler Consuelo de mi’alma, mais encore les amis de George Sand avaient quelquefois des raisons parfaitement légitimes de protester contre l’abus de cette bonté, dans certaines occasions de

  1. Encore dernièrement, M. Fidao, dans son très intéressant article Pierre Leroux et son œuvre (Revue des Deux Mondes, 15 mai 1906), y faisait allusion et disait en se basant sur les œuvres de Sainte-Beuve et de Dupont-White et sur une lettre de Mme Sand elle-même (que nous donnons plus bas) que Leroux étant destiné à être « pillé » et « dévalisé » par les autres, que Mme Sand elle-même « sut l’exploiter royalement ». Mme Sand reconnaissant elle-même la source de ses idées, il nous semble qu’il ne faudrait pas lui appliquer ces termes.