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l’amour-propre de Holzbauer, compositeur médiocre, fort prôné au dix-huitième siècle, dont elle et Haydn exécutent la piètre messe. Ces paroles imprudentes nuiront un jour à sa carrière. Holzbauer devine également le sexe de Consuelo et la dénonce au curé du village. Les deux jeunes amis quittent précipitamment la bourgade, avant que leur secret ne soit dévoilé. Ils arrivent à la nuit tombée au prieuré de ce même prélat, qu’ils avaient cru devoir fuir le matin. Pendant qu’ils remercient le bon chanoine pour son hospitalité en le délectant de musique, un carrosse de poste s’arrête à la grille du prieuré. Une femme sur le point d’accoucher demande asile. Le chanoine, qui vit sous la complète dépendance de sa gouvernante, refuse d’héberger la malheureuse accouchée, tremblant pour son repos et craignant un scandale s’accordant mal avec sa dignité ecclésiastique. On emmène la pauvre voyageuse à l’auberge du village, Consuelo y accourt pour l’assister au moins moralement. Cette malheureuse est sa rivale d’autrefois, la Corilla. La Corilla allait aussi à Vienne, elle rêvait un brillant engagement au théâtre ; son accouchement lui paraît un insipide contretemps, c’est en la maudissant qu’elle met au monde une fille, — la fille d’Anzoleto. Elle trahit ce secret au milieu de ses cris et de ses gémissements, et c’est la pure et innocente Consuelo, toujours habillée en garçon, qui reçoit dans ses bras ce fruit des amours d’une coquette dévergondée et de son ex-fiancé, menteur et volage. À peine remise, la Corilla prend la clef des champs et laisse son enfant à la porte du chanoine. Celui-ci chasse sa gouvernante égoïste et consent, sur les conseils de Consuelo, à adopter l’enfant abandonnée. Cette petite affaire arrangée, Consuelo n’ose rester plus longtemps sous le toit de ce bon prélat, craignant de voir son incognito dévoilé : elle part encore avec Haydn, c’est sa sixième fuite. Elle parvient enfin à Vienne, au logis de son sévère et tendrement aimé maestro, Porpora. Grâce à une petite ruse innocente, Joseph Haydn entre chez lui en qualité de valet, pour devenir plus tard son élève, et Consuelo pénètre dans le monde si séduisant des musiciens, ce milieu artistique si cher à son cœur, et se prépare à débuter à l’Opéra viennois. Mais en