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toujours avec lui, d’autant plus qu’elle remarque qu’Albert ayant deviné le vrai caractère de ses relations avec Anzoleto est visiblement prêt à la défendre contre ses attaques. Consuelo, estimant qu’il ne serait pas honnête d’épouser Albert, alors qu’elle ne se sent pas sûre d’elle, se décide à fuir, en laissant un billet à Albert, dans lequel elle le prie de croire en elle et d’espérer.

Elle se dirige à pied sur la route de Vienne et rencontre un jeune violoniste, Joseph Haydn, qui s’achemine vers le château des Géants, pour y réclamer la protection de la célèbre « Porporina », — (nom adopté par Consuelo à Vienne et à la Riesenburg), — afin de devenir l’élève de Porpora. Les jeunes gens se lient d’amitié, voyagent ensemble et chantent sous les fenêtres pour vivre. Consuelo se déguise en garçon et prend un troisième nom, celui de Bertoni, — diminutif d’Albert. Les deux voyageurs manquent de devenir la proie des recruteurs de Frédéric de Prusse, qui parcourent la Bohême. Ils fuient et, grâce à l’aide du comte Hoditz et du baron de Trenk (célèbre et malheureux page de Frédéric II, amoureux de la princesse Amélie), ils échappent heureusement, et sauvent avec eux un pauvre Tchèque, appelé Cari, que les racoleurs emmenaient de force à Berlin.

Le comte Hoditz veut prendre Consuelo et Haydn dans son carrosse, les emmener dans son château morave de Roswald, où, à l’instar de beaucoup de seigneurs du dix-huitième siècle, il a un théâtre, un orchestre à lui, et toute une cohue de chanteurs et de cantatrices, qui, par parenthèse, sont obligées de remplir des fonctions n’ayant rien de commun avec la musique. Le comte Hoditz devine que Bertoni n’est point un garçon, il nourrit le projet de faire de Consuelo la prima donna de son théâtre et sa maîtresse, ce qui force celle-ci à fuir pour la quatrième fois ; elle continue avec Haydn son voyage pédestre. Ils tombent dans un petit village au beau milieu d’une fête paroissiale, et sont obligés très inopinément de chanter en qualité de solistes, à la grand’messe ; ils font ainsi la connaissance et gagnent le cœur d’un certain chanoine, bon vivant et mélomane renforcé. Mais Consuelo malencontreusement froisse