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de l’humanité, qu’Albert guérit complètement, reconnaît combien il avait été coupable envers ses parents malheureux qui l’adorent, se décide à vivre d’une vie normale, quitte à la suite de Consuelo son souterrain et lui promet de n’y plus jamais revenir seul. En sortant Albert chasse Zdenko de sa présence, il sait que ce misérable a voulu tuer Consuelo. Zdenko disparaît. Consuelo se demande avec angoisse si l’un des deux fous n’a point tué l’autre.

En revoyant Albert toute la famille bénit Consuelo. À son tour, elle tombe malade, terrassée par les émotions qu’elle vient de traverser ; elle n’est sauvée que grâce aux soins infatigables et aux connaissances médicales d’Albert (il avait jadis étudié la médecine comme toutes les autres sciences). Alors, à l’exception du comte Christian, bonhomme doux et candide, tous les autres Rudolstadt changent de manières envers Consuelo. Seule la délurée petite comtesse Amélie s’aperçoit avec un vrai plaisir que son sombre fiancé aime Consuelo, elle quitte joyeusement l’ennuyeux château des Géants, emmenant avec elle à Prague son père, le baron Frédéric, grand chasseur, espèce de Nemrod campagnard[1]. La tante Wenceslawa, vieille chanoinesse bossue, mais d’une bonté angélique et d’une vertu invraisemblable, malgré sa morgue aristocratique, se révolte et se désole à l’idée qu’Albert ait pu donner son cœur à une chanteuse. Le comte Christian lui-même ne regarde avec condescendance l’amour de son fils pour Consuelo, et ne la prie de devenir la femme de son fils, que parce qu’il craint de le voir redevenir fou, et parce qu’il se souvient du sort malheureux de Wanda, qui l’avait épousé, lui, Christian, sans amour. Ce mariage paraît un vrai malheur à toute la famille. Consuelo elle-même a pour Albert un immense respect, elle admire ses qualités intellectuelles et morales, elle est pleine d’enthousiasme pour ses aspirations, ses croyances démocratiques et chré-

  1. Notons que dans toutes les lettres de Mme Sand aux époux Viardot et dans celles qu’ils lui écrivaient, la passion de Louis Viardot pour la chasse était une constante matière à calembours et à moqueries et que, d’autre part, le chien d’Albert portait le même nom que le chien favori de Louis Viardot, — Cynabre.