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alors l’artiste généreuse se résout à tout entreprendre pour le retrouver et le guérir de sa mélancolie et de cet amour sauvage de l’humanité. Consuelo remarque, rôdant autour du château, un fou, du nom de Zdenko, seul confident d’Albert. Elle découvre une citerne sur la terrasse du château qui se dessèche et se remplit d’eau périodiquement, grâce à un système d’écluses compliqué. Lorsque l’eau s’écoule dans les profondeurs de la terre, un escalier paraît, menant à une galerie cachée ; c’est par cet escalier que Zdenko, qui gouverne le jeu des écluses, s’introduit du fond de la citerne au château ou s’en revient. L’intrépide Consuelo, profitant d’un moment où Zdenko entre dans la chambre d’Albert, descend sans hésiter dans la citerne et s’achemine par un labyrinthe de galeries souterraines à la recherche d’Albert. Ayant pris non la galerie qui mène à cette retraite, — une grotte qui se trouve juste au-dessous de la pierre d’épouvante, où se dressait jadis le Hussite, — mais celle où s’écoulent les eaux du puits, Consuelo manque d’être noyée par le torrent, l’écluse ayant été rouverte par Zdenko. Elle se sauve dans une galerie latérale, et manque d’y être murée par ce même Zdenko, qui avait commencé par éprouver une sympathie instinctive pour elle et qui la hait à présent, instinctivement aussi, sentant dans son âme d’innocent que les jours où son adoré Albert vivait avec lui, approchent de leur fin, et que maintenant c’est elle, Consuelo, qui régnera sur sa vie. Heureusement Consuelo se souvient de l’ancienne formule des lollards que Zdenko prononçait souvent : Que celui à qui on a fait tort te salue. En entendant ces paroles sacramentales, Zdenko se soumet et mène Consuelo vers la demeure souterraine d’Albert. Elle le trouve presque fou : tantôt il croit être Jean Ziska et tantôt Wratislas de Rudolstadt, puis dans un état de somnambulisme il appelle Consuelo sa libératrice et sa consolation, il prononce des paroles mystiques sur la bonne nouvelle et la joie qu’elle lui apporte, puis il la reconnaît réellement et lui déclare son amour. Consuelo lui témoigne tant de pitié émue, tant de sympathie qu’elle le calme et le ramène à la raison : elle exerce une action si bienfaisante sur son pauvre cœur, malade de tous les maux