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tance sociale, un intérêt général. C’est lors du procès à la Cour royale, que Pierre Leroux eut recours à la lettre que Mme Sand lui avait écrite un an plus tôt et dont elle lui permit de faire usage maintenant. Il l’inséra dans sa deuxième lettre à M. le Président et à MM. les Présidents et Conseillers de la Cour royale. M° Marie disait en toute justice dans sa conclusion que « des enfants naturels peuvent bien devenir légitimes, mais jamais des légitimes devenir bâtards ». Et Mme Sand de son côté émettait principalement l’idée qu’il était absurde de reconnaître des sentiments « paternels » à un homme qui avait jadis séduit une enfant, qui ne s’était nullement préoccupé ni d’elle, ni de sa progéniture, et qui s’efforçait de la salir maintenant, parce qu’un autre l’avait réhabilitée ; que surtout, s’il pouvait encore y avoir quelque débat à propos du « père », il était tout à fait impossible d’enlever les enfants à une mère ; ce serait agir contre toutes les lois divines et humaines. Nous avons retrouvé cette lettre, absolument inconnue des biographes de George Sand, dans le gros volume publié par les frères Leroux en 1845, sous le titre de Vérité sur un procès où l’on examine des théories qui outragent la nature et renversent les prescriptions fondamentales du Code sur le droit maternel et sur le mariage, à l’appui du pourvoi formé devant la Cour de cassation le 24 mars 1845, adressé à ses juges et à tous les barreaux de France pour obtenir leur avis. et leur appui, par Achille Leroux. Quoique signé ainsi par Achille, ce livre fut en plus grande partie écrit par Pierre Leroux[1]. La lettre de George Sand datée du 10 décembre 1843 fut incluse comme nous l’avons dit, dans la seconde lettre au Président par Pierre Leroux.

Les lettres des frères Leroux qui se rapportent à ce procès sont extrêmement intéressantes et importantes. Nous avons déjà donné trop de place à cet épisode pour pouvoir en citer plus d’une, nous citerons donc celle que Pierre Leroux écrivit à George Sand pour la remercier de la permission de faire usage de sa lettre.

  1. Nous en possédons un exemplaire d’épreuve, ayant appartenu à l’un des avocats et portant un envoi de la main de Leroux.