Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/341

Cette page n’a pas encore été corrigée

prouvée, il fut acquitté. En prison il s’occupa de la publication de son second recueil, les Conteurs ouvriers, qui parut en mars 1849.

Puis il fut élu à l’Assemblée législative, mais l’année suivante il passa de nouveau devant les tribunaux. Certains passages d’une nouvelle œuvre, parue sous le titre Contrastes sociaux, l’avaient fait accuser par le procureur.

À la fin de sa vie, mourant de phtisie, il continua à prêcher parmi les ouvriers de province la nécessité de s’instruire, de se relever, de se purifier moralement et de s’entr’aider par des associations pacifiques. Il pensait que par cette voie seulement les travailleurs arriveraient au bien-être, à l’égalité et à une position plus digne vis-à-vis des autres classes de la société. Gilland mourut après une cruelle agonie, à peiné âgé de trente-neuf ans, le 12 mars 1854.

Quoiqu’il se soit instruit lui-même, on voit par ses lettres et par ses écrits que ce fut un homme extrêmement éveillé et développé. Ses malheurs et ceux de ses confrères l’aigrirent un peu, mais il possédait un cœur ardent, un esprit profond, quoique un peu fruste et assez pessimiste. Bref, c’est un ouvrier d’une ère nouvelle, un républicain socialiste convaincu et en même temps un poète profondément humain et compatissant à tous les maux.

Ses lettres à George Sand nous font connaître sa femme Félicie, qui fut, comme Lise Perdiguier ou la maman Magu, la fidèle compagne de son mari. Ces lettres nous révèlent également des épisodes très romantiques et très curieux de la jeunesse de Gilland avant sa rencontre avec la famille Magu. Dans sa préface des Conteurs ouvriers, George Sand cite beaucoup de détails empruntés à la très ample Notice autobiographique que Gilland lui envoya dans sa lettre du 18 janvier 1849. Nous l’avons retrouvée, mais nous ne la répéterons point ici ; nous noterons toutefois que beaucoup d’épisodes de la biographie de Gilland, racontés à Mme Sand par des amis communs, lui servirent pour écrire l’histoire de Paul Arsène dans Horace : son apprentissage chez le bijoutier, sa passion pour la peinture et pour les chefs-d’œuvre des grands maîtres, son amour