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teur de Magu, qui fit un legs au vieux tisserand afin de faire une nouvelle édition de ses poésies[1].

Mon cher Magu, écrit Béranger au tisserand de Lizy-sur-Ourcq, avant de répondre à votre lettre, j’ai voulu voir Mme Sand ; je l’ai trouvée on ne peut mieux disposée pour la nouvelle édition de vos poésies, et lui ai donné connaissance du legs qui doit faciliter cette publication.

Vous sentez que je lui ai déclaré que je ne croyais pas à la nécessité de joindre mon nom au sien, que je vous remerciais de la proposition que vous me faisiez à ces égards, mais qu’il serait inconvenant qu’une autre qu’elle, spécialement désignée par M. Chopin, se mêlât de recommander vos œuvres au public.

Cela, mon cher Magu, ne m’a pas empêché de parler à Perrotin pour cette édition. Malheureusement il s’entête à ne pas éditer d’autres poésies que celles de Poncy, dont Mme Sand l’a déjà prié de se charger, voilà près de six mois, et qu’elle a eu bien de la peine à lui faire accepter. Perrotin prétend que les poésies n’ont plus cours, et quand même les auteurs veulent faire les frais d’impression, il refuse de s’en charger ; il faut dire, pour l’excuser, qu’il a des affaires qui l’absorbent, mais avec la somme qui vous est léguée vous trouverez facilement un autre éditeur, c’est ce qui m’empêche de trop insister. Pour n’en être pas pour votre argent, je pense que vous feriez bien d’imiter Poncy, qui a recueilli plus de six cents souscriptions à Toulon, ce qui couvrira tous ses frais et au delà. Faites aussi courir des listes et mettez-moi en tête pour six exemplaires, sauf à en prendre davantage, si nous le jugions de bon exemple. Quant aux suppressions à faire dans vos poésies, vous sentez que vous seul pouvez en décider ; faites ce travail et je vous engage à ne pas hésiter et à corriger et à retrancher largement. Ce sont de ces sacrifices dont nous autres, poètes, ne faisons jamais assez ; cependant le public nous en récompense toujours.

Adieu, mon cher Magu, pardonnez-moi d’avoir tardé à vous répondre et recevez la nouvelle assurance de mes sentiments d’estime et de confraternité.

Béranger.
Passy, 9 février 1844.

Je n’ai pas vu Gilland depuis qu’il m’est venu inviter à sa noce[2].

  1. Le poète Charles-Auguste Chopin naquit en 1811 et mourut en 1844.
  2. La copie de cette lettre de Béranger se trouve dans les lettres inédites de Magu à Mme Sand.