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La cousine et sa fille me prient de vous faire agréer leurs salutations, ou plutôt leurs révérences empressées.

Lizy-sur-Ourcq. Dimanche, avril 1842.


Madame,

Je viens troubler un moment vos sublimes rêveries pour vous dire que le 1er août prochain la fille du tisserand Magu épouse Gilland le serrurier ; vous les connaissez tous deux, puisque j’ai eu l’honneur de vous présenter un jour ma fille, et que Gilland vous a fait plusieurs visites ; et puis j’ai reçu de vous, madame, trop de marques d’amitié pour penser que cette nouvelle vous sera indifférente ; je suis sûr, au contraire, que vous souhaiterez du bonheur à ces pauvres enfants qui en auront grand besoin pour réussir, car l’une n’apporte en mariage à son époux que son aiguille, comme lui n’a que son étau ; mais il est intelligent et sobre, et ma fille sera bonne ménagère. C’est donc dans leurs bras que repose leur avenir. Sitôt marié, Gilland espère travailler chez lui ; son patron lui fournira de l’ouvrage, et plus tard, quand à force d’économie il aura pu s’acheter assez d’outils pour travailler à son compte, il le fera. Comme il ne faut pas débuter par faire des dettes, on ne fera pas de noces, mais un repas, qui servira de déjeuner et de dîner. Le lendemain les jeunes époux reprendront le chemin de la capitale pour aller habiter le faubourg Saint-Antoine, non loin du bon M. Perdiguier, qui veut bien venir ainsi que sa femme à Lizy, pour être des nôtres.

Je vous aurais écrit tout cela plus tôt, madame, mais les journaux vous disaient à Constantinople et c’est Gilland qui m’a assuré que vous étiez à la Châtre. Puisse cette lettre vous y trouver en bonne santé et bien disposée à lire ce qu’elle contient, car rien n’est si peu intéressant, mais j’ai confiance en votre amitié et vous lirez jusqu’au bout.

M’y voilà pour vous prier, madame, d’agréer, avec ma profonde estime, mon entier dévouement.

Magu, tisserand.
À Lizy-sur-Ourcq, le 25 juillet 1843. ;

Nous apprenons par les lettres de Magu et par celles de Béranger à Magu et à Mme Sand, que les deux grands écrivains furent nommés, en 1844, exécuteurs testamentaires d’un certain Chopin (qu’il ne faut point confondre avec son grand homonyme polonais), écrivain d’ordre inférieur, vieil ami et protec-