Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T3.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

Magu ne manquait pas non plus de se procurer chaque nouvelle œuvre de Mme Sand, qu’il lisait « les larmes aux yeux », et il continua à lui écrire jusqu’au jour de sa mort, en lui confiant ses joies et ses douleurs et en ne cessant de l’aimer comme les simples cœurs savent seuls aimer. En dehors de cette sensibilité si touchante, on voit par ses lettres que c’était un esprit gai, vif et enjoué, sachant voir le côté comique des choses, se moquant de tout avec une verve toute gauloise et raillant d’une manière naïvement maligne lui et les autres, ses propres malheurs ou ses propres succès !

Magu mourut le 13 mars 1860, et déjà au mois d’avril de cette même année, George Sand écrivit la Ville noire. Ce roman se passe parmi les ouvriers d’une usine, mais au milieu de ces ouvriers George Sand plaça la très intéressante figure d’Audebert, naïf vieux poète populaire. C’est le portrait fidèle de Magu, avec cette seule différence que le poète de la Ville noire tombe, vers la fin de sa vie, dans une vraie démence, ce qui ne fut pas le cas de Magu. Mais, d’autre part, dans les derniers chapitres du roman où il est conté que le vieux poète prend part à la fête donnée en l’honneur de la bienfaitrice du Trou d’Enfer, — Tonine, en lisant au banquet de noces des vers de sa façon, — on y voit presque textuellement copiées les avant-dernières lettres de Magu à Mme Sand. Il y décrit avec une bonhomie humoristique sa participation aux fêtes en l’honneur de La Fontaine, pour lesquelles on lui fit composer des vers, qui furent unanimement trouvés « très bien », parce que « ces bons Champenois ne sont pas difficiles[1] », comme il le déclare avec un enjouement modeste. Et il cite à l’appui de son assertion la fin de sa chanson sur son grand prédécesseur.

Nous aurions vivement désiré que toutes les lettres de Magu à Mme Sand fussent publiées, et nous nous permettons d’en citer quelques-unes :

  1. Lettres inédites de Magu des 5 et 18 septembre 1854, de Château-Thierry.