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et de faiblesse. On leur a donné de l’or et des honneurs ; leur couronne d’épines a cessé de les brûler…

… Je ne veux pas altérer en vous la sainte reconnaissance que vous portez sans doute à l’auteur de votre préface ; mais ce bon homme ne vous a pas compris. Il a eu peur de vous. Il vous a donné de mauvais conseils et de pauvres louanges. Quand je parlerai de vous au public, j’espère en parler un peu mieux. Quand vous ferez un nouveau recueil, je vous prie de me prendre pour votre éditeur et de me confier le soin de faire votre préface…

Si vous voulez m’écrire, bien que je sois ennemie par nature et par habitude du commerce épistolaire[1], je sens que j’aurais du bonheur à recevoir vos lettres et à y répondre. Je pars pour la campagne dans huit jours. Mon adresse sera La Châtre, département de l’Indre, jusqu’à la fin d’août.

Votre morceau sur le Forçat m’a fait pleurer. Quelle société ! point d’expiation, point de réhabilitation ! rien que le châtiment barbare !…

On voit par la correspondance ultérieure entre George Sand et Poncy qu’elle s’efforça d’aider matériellement son pauvre ami, qu’elle lui rendit de nombreux et divers services amicaux, et qu’elle tâcha de lui donner de bons conseils tout littéraires. Ces lettres apparaissent aussi comme le résumé de ses doctrines sociales et artistiques et arrêtent par cela même notre attention. Mais elles sont encore éminemment intéressantes au point de vue littéraire et même purement technique. Des dizaines de pages sont remplies de l’analyse de phrases ou d’expressions de ses vers, de conseils pour mieux dire, de la critique des termes impropres ou mal venus. Elle ne se borne pas à ces petites indications sur la forme, elle lui donne souvent des conseils très importants et très précieux quant au fond. Ainsi par exemple dans sa lettre du 23 juin 1842, après lui avoir appris qu’elle souffre d’une forte ophtalmie, mais qu’elle sera fort heureuse de recevoir son ami, M. Gaymard, qui doit lui apporter les nouvelles poésies de Poncy, elle ajoute :

  1. Assertion pour le moins étonnante dans la bouche de George Sand, qui, en ces dernières années, écrivait journellement aux correspondants les plus divers de très longues lettres, si remarquables et si admirablement écrites qu’à elles seules elles auraient pu lui créer la réputation de grand écrivain, si même elle n’avait écrit rien d’autre !