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Les lettres inédites de Gilland, de Poncy et de Magu, comme celles de Perdiguier, témoignent que, dès leurs premières entrevues avec elle et jusqu’au jour de leur mort, tous ces hommes eurent en Mme Sand la plus dévouée, la plus parfaite amie et protectrice. Elle les aidait dans toutes leurs affaires, minimes ou sérieuses, elle avait pour eux des attentions et des soins maternels. Il n’est pas étonnant que tous ces poètes et leurs, familles lui aient voué, en échange, une amitié et un dévouement exaltés. Les heures que nous avons passées à lire la correspondance de Mme Sand avec ces poètes prolétaires nous ont laissé une impression inoubliable. Nous nous sentîmes dans une atmosphère de dévouement, d’adoration, d’admiration absolus pour le grand écrivain : ces cœurs simples et sincères surent apprécier sa grande âme ; nous eûmes l’occasion de faire à distance la connaissance de plusieurs individualités extrêmement sympathiques ; nous comprîmes parfaitement que George Sand n’avait pas pu faire autrement que de porter à chacun d’eux un vif intérêt et une sincère sympathie. Voici par exemple Charles Poncy de Toulon[1] qui devint plus tard un ami de toute la famille Sand — de Maurice et de Solange — et qui vint les visiter à Nohant avec sa femme, Désirée, et sa fille, appelée aussi Solange. Les rapports de George Sand avec lui furent si amicaux que Poncy était au courant de telles circonstances de sa vie intime, dont elle ne parlait à personne. Ces relations restèrent les mêmes jusqu’au dernier jour. Charles Poncy semble avoir été le plus instruit et le plus cultivé des poètes prolétaires, amis de Mme Sand. Dans sa poésie il y avait des nuances et des sentiments complexes, mais par cela même il se distinguait moins des poètes des classes supérieures, que le père Magu ou Gilland « le serrurier ».

Poncy inspira néanmoins tant d’intérêt à Mme Sand, elle vit en lui un talent si remarquable et des opinions qui lui étaient si chères, que ce fut son succès même qu’elle redouta pour

  1. Charles Poncy naquit en 1821 et mourut le 30 janvier 1891.