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Dans le premier article intitulé : Sur les poètes populaires[1], George Sand ne fait que signaler en passant « Charles Poncy, dont le talent mérite bien d’être remarqué du public », pour analyser tout aussitôt fort longuement et avec grande sympathie la préface de Mme Amable Tastu au volume de Marie Carpentier. Cette préface, renferme l’idée suivante : c’est aux prolétaires, au peuple dans le vrai sens de mot qu’appartient maintenant le rôle créateur et primant dans la poésie ; jusqu’au dix-septième siècle la poésie et la littérature furent l’apanage exclusif de la noblesse ; puis ce fut la magistrature et la haute bourgeoisie qui entrèrent en scène, ensuite les classes moyennes ; à présent, c’est le tour du peuple. « Comme dans quelque œuvre de Beethoven la phrase harmonieuse parcourt l’orchestre, répétée tour à tour par chaque instrument », ainsi le don de la poésie passe par toutes les classes de la société ; c’est grâce à cela que la poésie ne meurt jamais, mais se renouvelle éternellement fraîche.

« Ce sont là, disait dans son article Arago, des signes précurseurs et infaillibles d’une émancipation politique prochaine, contre laquelle de prétendus hommes d’État raidiront vainement leurs petits bras… »

Cette éclosion de tant de talents créateurs au milieu des masses populaires, — dit à son tour Mme Sand dans ses quatre articles, — témoigne que la vie de sensation et la vie de sentiment une fois éveillées dans le peuple, il arrivera à sa maturité intellectuelle ; elle témoigne de la possibilité pour lui d’apporter actuellement son denier au trésor des acquisitions humaines, de travailler côte à côte avec les autres au salut public, au salut de : l’humanité ; elle témoigne de la solidarité de tous les hommes dans l’humanité, elle confirme la perfectibilité de l’humanité…

  1. Cet article est signé Gustave Bonnin. George Sand eut plus tard souvent recours à ce pseudonyme de Bonnin, en n’y changeant que le prénom de « Gustave » pour celui de « Blaise ». C’est ainsi qu’elle signa du nom de Blaise Bonnin l’Histoire de Fanchette, en 1843, la Lettre d’un paysan de la Vallée Noire, qui parut dans l’Éclaireur de l’Indre en 1844 ; l’Histoire de France écrite sous la dictée de Blaise Bonnin, qui fut publiée à la Châtre, en brochure, en mars 1848, et enfin les Paroles de Blaise Bonnin aux bons citoyens, cinq brochures également parues en 1848 et réimprimées sous le vrai nom de l’auteur dans différents almanachs du temps.