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répandre en paroles et en protestations, mais il doit enfin avouer sa défaite. Cependant, toujours désireux de jouer un « rôle remarquable », il commence soudainement à s’extasier sur l’ « héroïsme » de Paul Arsène, sur la beauté de son sacrifice, à s’attendrir sur Marthe et sur son marmot et à s’abandonner à un repentir fort beau et très émouvant, ce qui lui attire les sympathies générales et lui fournit l’occasion de… se répandre encore en de nouveaux torrents d’éloquence. Comme toujours encore, le sentiment vrai parle en lui simultanément avec le désir de paraître quelque chose d’extraordinaire. Cette fois c’est sa « grandeur d’âme » qui doit le faire admirer à tout le monde. Mais cet élan se refroidit très vite. Il ne dure qu’un jour. Horace se met à souffrir en pensant à son rôle peu brillant dans l’avenir, il se met à « penser à Marthe un peu plus qu’à Arsène et à lui-même plus qu’à son fils ». Il poursuit même Marthe de ses protestations passionnées et de ses subites apparitions chez elle ; un beau jour il la menace même de la tuer et de se tuer, — crime dont le sauve Laravinière (soudainement ressuscité), qui lui fait descendre l’escalier quatre à quatre. Après cela il ne reste à Horace plus rien à faire qu’à partir immédiatement pour l’Italie, — grâce au seul ami mondain qui lui reste et lui en procure les moyens, — tout comme George Sand les procura jadis à Sandeau, auquel Horace ressemble en plus d’un point. En outre, Horace part pour l’Italie presque à la même date que Sandeau, — le 25 mai 1833 ! Nous apprenons aussi son odyssée ultérieure :

Il a vu l’Italie, il a envoyé aux journaux et aux revues des descriptions assez remarquables et très poétiques auxquelles personne n’a fait attention : aujourd’hui le talent est partout. Il a été précepteur chez un riche seigneur napolitain et je le soupçonne d’en être sorti avant d’avoir mené ses élèves en quatrième pour avoir fait la cour à leur mère ! (Nous soupçonnons l’auteur de s’être encore souvenu ici de l’été de 1837 et d’Eugène Pelletan !…) Il a composé ensuite (comme Mallefille !) un drame flamboyant qui a été sifflé à l’Ambigu. Il a refait trois romans sur ses amours avec Marthe, et deux sur ses amours avec la vicomtesse. Il a écrit des premiers-Paris d’une politique assez sage dans plusieurs journaux de l’opposition. Enfin, ayant